Si les propositions d’inscription sur la Liste du patrimoine mondial de Lyon et de Québec sont restées presque secrètes, la décision de les inscrire sur cette Liste est, en revanche, rapidement diffusée, sur des scènes très diverses (municipalités, instances en charge du patrimoine, office du tourisme, associations, etc.), et par des moyens très variés (canaux officiels des ambassades, presse, communiqués des maires, etc.). Lorsque l’on s’intéresse aux usages des inscriptions sur la Liste de l’arrondissement historique de Québec et du site historique de Lyon, force est de constater qu’ils ont d’abord et avant tout trait à la communication et à la publicité, à la représentation et à la notoriété. Ces inscriptions sont utilisées comme des labels, des « signes servant de caution pour des raisons publicitaires, politiques » 781 . Cet usage résulte d’une « reconnaissance internationale » 782 , puisque c’est ainsi que sont perçues, à l’échelle locale, les inscriptions sur la Liste. Nous souhaitons connaître et comprendre la genèse et les usages (en particulier la portée) de la rhétorique du label Unesco, label du patrimoine mondial. Cette rhétorique est en effet, selon nous, à l’origine de la césure s’opérant, au plan local, entre valorisation d’une inscription sur la Liste du patrimoine mondial, gestion d’un bien du patrimoine mondial et protection du patrimoine urbain.
Il s’agit donc ici de recenser les types d’acteurs qui se mobilisent et les formes de leur mobilisation, en explicitant les raisons et les attentes de telles réactions. Cette analyse s’effectue, comme précédemment, en considérant les municipalités dans leurs relations, mais également dans leurs interdépendances avec d’autres scènes. L’apparition d’une telle rhétorique municipale donne à voir les réceptions locales de ce qui est présentée comme un don, une décision de l’Unesco, moments au cours desquels des tensions et des incompréhensions entre acteurs municipaux se font jour. Reste alors à savoir comment cette action, présentée comme exceptionnelle, est intégrée dans les politiques urbaines et devient une ressource pour les édiles locaux.
Le Petit Robert, 1996 (1ère édition 1967), p. 1247.
Expression utilisée à maintes reprises par les enquêtés en début d’entretien et laissant ensuite rapidement la place à celle de label.