Au début des années 2000 à Lyon ou à la fin des années quatre-vingt à Québec, les discussions entre responsables des offices de tourisme et employés municipaux chargés de la gestion du site historique de Lyon ou de l’arrondissement historique de Québec vont bon train. Si les discours des maires ont permis l’officialisation d’une « problématisation » précise du patrimoine mondial, il n’en reste pas moins que la mise en place d’actions cohérentes avec cette « problématisation » se révèle délicate. De fait, les usages locaux de ces inscriptions sur la Liste en termes de représentation et de communication oscillent, comme le souligne l’extrait d’entretien précédent, entre des explications et des représentations politiques internes, à destination des populations, et des stratégies « offensives » de tourisme présentées comme des actions de rayonnement international. Tout se passe comme si ces acteurs (employés municipaux, acteurs du tourisme) attendaient un signal plus important des élus municipaux en faveur de l’une ou de l’autre de ces options. Le renouvellement des stratégies de communication de ces villes, sur l’initiative des maires, relèvent pour partie d’un tel signal et incitent les principaux acteurs à utiliser l’inscription d’abord comme levier et comme atout dans la rhétorique sur la concurrence entre villes. L’expression « patrimoine mondial » devient alors de fait un label ; s’y référer vise à rendre compte du caractère unique et exceptionnel de la ville dans son ensemble et non plus seulement de son patrimoine. Mieux, l’expression « patrimoine mondial » est utilisée dans un objectif de légitimation des ambitions internationales des municipalités lyonnaise et québécoise auprès de leurs partenaires institutionnels, des entrepreneurs ou encore des habitants.
(Photo : Sarah Russeil, 2004)
(Photo : Sarah Russeil, 2004)
Entretien avec Jean-Loup Molin, Mission Prospective – Communauté urbaine de Lyon, 4 décembre 2002.