1. Enjeu autour du contrôle du label patrimoine mondial

Etudier rapidement les actions entreprises par des scènes nationales ou internationales en lien avec la gestion des biens du patrimoine mondial permet de souligner les tensions qui persistent, voire se renforcent, et de pointer une concurrence entre ces scènes. Mieux, l’étude suivante montre que les adhérents de l’Icomos international connaissent quelques difficultés à imposer leurs représentations de la gestion des biens du patrimoine mondial. Ainsi, si le terme label n’apparaît presque jamais dans les formes d’énonciation des discours et des documents officiels émanant de l’Unesco, de l’Icomos ou encore des administrations étatiques, leurs agents et leurs représentants le tolèrent visiblement de plus en plus. Ces acteurs prônent d’abord la primauté d’actions de conservation et de protection du patrimoine. Ils ne sont toutefois pas complètement opposés aux usages touristiques des biens du patrimoine mondial. Mieux, certains de nos interlocuteurs affiliés à de telles scènes utilisent spontanément le terme label et participent à des actions de mise en valeur de « biens du patrimoine mondial » 873 (le Centre du patrimoine mondial et l’Unesco notamment) ou de promotion de l’action internationale de protection du patrimoine (l’Icomos international). De telles actions résultent principalement d’une volonté de valorisation de l’action internationale en faveur du patrimoine. Elles relèvent également des différentes « traductions » des tensions entre tourisme et patrimoine, « traductions » opérées par des acteurs aux profils, aux statuts et aux intérêts différents. Les principaux acteurs de la mise en œuvre de la Convention du patrimoine mondial (Unesco, Icomos) autorisent, à travers leurs propres activités, les stratégies de rayonnement international à partir de la Liste du patrimoine mondial tout en les déplorant ouvertement.

Notes
873.

L’expression consacrée n’a été finalement utilisée, lors des entretiens menés pour ce travail de recherche, que par les agents des administrations étatiques, ceux de l’Unesco ainsi que par les salariés de l’Icomos international.