2. L’Ovpm ou penser le patrimoine mondial à travers les villes

Les circulations identifiées lors de la procédure d’inscription de l’arrondissement historique de Québec engendrent des attentes particulières. Elles perturbent les représentations du patrimoine telles qu’établies précédemment. Ces perturbations, aussi petites soient-elles, laissent des traces en particulier parmi les savants du patrimoine mondial, qu’ils soient praticiens, professionnels ou universitaires. Les adhérents de l’Icomos international, lorsqu’ils déplacent, transportent et, de fait, transforment des « problématisations » du patrimoine mondial, tentent, par exemple comme nous venons de l’observer, de connecter ces différentes « problématisations » et d’imposer une approche donnant la priorité aux outils de protection et de conservation du patrimoine. Les procédures d’inscriptions de sites urbains tendent alors à renouveler les représentations des villes comme lieux, sinon de production, du moins de capitalisation de connaissance et d’expertise en matière de gestion du patrimoine ainsi que comme relais politiques des orientations internationales. Nous souhaitons analyser comment traces et souvenirs des interactions passées sont à l’origine de la création de l’Organisation des villes du patrimoine mondial en repérant d’abord les principaux acteurs prenant part à ces circulations, puis en observant les circulations québécoises en faveur de la création de ce réseau. Nous cherchons en particulier à identifier les raisons qui amènent le maire Jean-Paul L’Allier à accepter la structuration d’un tel réseau alors que tous les récits des élus locaux tendent à présenter l’inscription sur la Liste exclusivement comme un don de l’Unesco et à écarter toute contrainte externe relative au patrimoine mondial.