Retracer la genèse de l’Organisation des villes du patrimoine mondial implique, selon de tels propos et compte tenu de l’analyse précédente, de revenir à l’inscription sur la Liste de l’arrondissement historique de Québec. De fait, la manifestation québécoise du 3 juillet 1986, en rassemblant officiellement des représentants de la municipalité québécoise, du gouvernement du Québec, du gouvernement canadien et de l’Unesco, est décisive. Les échanges entre ces personnalités correspondent aux prémisses de la création de l’Ovpm. Ils pointent, à travers l’énonciation en un même lieu de plusieurs des déclinaisons de l’enjeu patrimoine mondial et la confrontation de représentants de différentes scènes, qui toutes revendiquent un rôle dans la mise en œuvre de la Convention du patrimoine mondial, le levier que pourraient constituer les villes. Réunir les « villes du patrimoine mondial » apparaît comme une solution possible pour répondre aux différentes facettes de l’enjeu patrimoine mondial : elles sont d’abord perçues comme un support potentiel des dynamiques internationales liées au patrimoine mondial ; les organisations politico-administratives de ces villes seraient, ensuite, propices à des connexions, des co-élaborations entre savants et politiques, elles seraient donc le lieu idéal de la diffusion de connaissance, de savoir et surtout des normes internationales.
Entretien avec Denis Ricard, secrétaire général de l’Organisation des villes du patrimoine mondial, 18 mars 2003.