L’analyse de la création de l’Ovpm, à la fin du chapitre précédent, a mis en évidence les démarches entreprises par des employés municipaux québécois (voyages, discussions, lobbying) pour informer et motiver les élus municipaux d’autres villes, concernés par le patrimoine mondial. Le travail de légitimation de l’Organisation vis-à-vis des administrations municipales se poursuit depuis lors. Il a précisément lieu lors des congrès de l’Ovpm et s’appuie d’abord sur l’accès aux savoirs internationaux que les salariés et les dirigeants de cet organisme s’efforcent de construire et sur les financements mobilisables dans le cadre du réseau. De fait, les salariés de l’Organisation sont quotidiennement en relation avec l’Unesco, le Conseil de l’Europe et certaines grandes fondations américaines et se pensent comme contributeurs de la mise en œuvre de la Convention du patrimoine mondial et comme soutiens des actions relatives au patrimoine (conservation et mise en valeur) initiées par des « villes du patrimoine mondial » 961 . Parallèlement, le premier secrétaire général de l’Ovpm dit avoir rapidement orienté l’Organisation, avec la collaboration du maire de Québec alors président de l’Organisation, vers des missions de représentation, de communication et de « défense des intérêts » 962 des villes du patrimoine mondial au sein de ces organismes internationaux. Le travail de légitimation alors entrepris tant auprès des municipalités urbaines concernées que vis-à-vis des grands organismes affiliés à l’espace de circulation, s’accompagne de l’identification et de la formalisation de représentations municipales de ce que patrimoine mondial signifie au sein des villes. L’étude des actes de ces congrès montre d’abord que l’Ovpm s’affiche aux cotés d’organisations savantes, sans toutefois permettre de créer des contacts directs entre le Centre du patrimoine mondial, ou d’autres organismes internationaux, et les agents municipaux. Elle dévoile ensuite que l’organisation de telles rencontres favorisent les circulations de présentations magnifiées des villes et des leurs actions portant sur le patrimoine. Les enquêtes de terrain mettent, en outre, en évidence quelques tensions entre l’Ovpm et les principales scènes internationales impliquées dans la mise en œuvre de la Convention du patrimoine mondial. Dès lors, l’Ovpm tend à définir un cadre d’action pour les participations municipales aux activités internationales portant sur le patrimoine mondial.
Déclaration de Québec, adoptée le 4 juillet 1991 au terme du Premier Colloque international des villes du patrimoine mondial.
Entretien avec Denis Ricard, , secrétaire général de l’Ovpm depuis 1998, 23 mars 2004.