Quand le patrimoine mondial s’invite dans les conflits urbains

Il est impossible d’analyser ces deux projets indépendamment l’un de l’autre et indépendamment des projets qui ont déjà auparavant suscité des controverses autour de l’aménagement de la Pointe-à-Carcy pour deux raisons au moins. Chacune des luttes urbaines entraîne, d’abord, des modifications dans les rapports de pouvoir et des évolutions dans la construction et la structuration des argumentaires. Ces projets émergent, ensuite, très souvent en parallèle les uns des autres, ou pour le moins, les temps de conflits se chevauchent, facilitant ainsi la constitution d’argumentaires communs. De fait, lorsque le premier projet de construction d’un cinéma Imax est rendu public par la municipalité québécoise au milieu des années quatre-vingt, des tensions fortes existent déjà autour d’un projet fédéral portant sur les terrains du port de Québec 1003 . Cette période est également caractérisée par l’émergence d’une vie citoyenne plus structurée 1004  : 1986 marque notamment la renaissance du Comité de citoyens du Vieux Québec autour de la notion de patrimoine mondial (cf. supra) et la structuration de la « Coalition pour la sauvegarde du Vieux Port » réunissant près de soixante-dix organismes 1005 . Cette dernière est organisée autour d’universitaires, de professeurs de l’école d’architecture de Québec ainsi que d’adhérents du Conseil des monuments et des sites de Québec.

Notes
1003.

Ces derniers ont été, à la suite de Québec 1984 – manifestation pour laquelle le gouvernement fédéral avait réalisé un aménagement partiel du port – proposés à des promoteurs privés qui prévoyaient l’installation de résidences haut standing, de centres commerciaux, etc. Ces tensions opposent alors essentiellement les administrations fédérales et municipales aux Québécois (en particulier aux citoyens habitant à proximité de ce lieu). Hulbert (François), Essai de géopolitique urbaine et régionale. La comédie Urbaine de Québec., Québec, Editions du Méridien, 1994, p. 520.

1004.

Quesnel (Louise), La consultation des citoyens comme outil de la démocratie locale, Toronto, Presses du CIRUR, 2000 ; Bhérer (Laurence), Une lecture institutionnaliste du phénomène participatif…, op. cit.

1005.

Parmi ces organismes figurent l’Icomos Canada, la Fondation canadienne pour la protection du patrimoine, la Fédération des sociétés d’histoire du Québec, l’Alliance for Historic Landscape Preservation, le Conseil du Travail du Québec, le Conseil central des syndicats nationaux, etc.