II. Le transnational dans le gouvernement des villes

Depuis 1993 et la naissance officielle de l’Organisation des villes du patrimoine mondial, les municipalités urbaines ne tardent pas, lorsqu’une portion de leur territoire figure sur la Liste, à adhérer à ce réseau. Si seuls deux conseillers municipaux s’opposent officiellement en 2000 à une adhésion lyonnaise à l’Ovpm 1070 , l’enthousiasme des édiles locaux apparaît, à travers les différents récits recueillis, très timoré, le patrimoine ne constituant pas une priorité de l’action municipale, et le projet d’adhésion est alors essentiellement porté par le chargé de mission Site historique. L’engagement lyonnais au sein de l’Ovpm répondrait d’abord à une logique politique vis-à-vis des organismes extérieurs : « cela se fait, donc évidemment, nous devions être dans ce réseau » 1071 , laissant ainsi entendre que l’adhésion à l’Ovpm n’aurait pas de conséquence locale et ne correspondrait pas à des actions réfléchies et construites en amont par la municipalité. Ce constat et les analyses précédentes, soulignant notamment les difficultés des dirigeants de ce réseau de villes à intervenir dans les relations Villes-État ainsi que les enjeux politiques liés au patrimoine et au patrimoine mondial, incitent à interroger le sens et les motivations qui président aux adhésions municipales à l’Ovpm et, plus largement, aux participations à quelques activités politiques et scientifiques élaborées au sein de l’espace transnational spécifique et structuré autour du patrimoine mondial. Comment les élites municipales pensent-elles cet espace ? Pourquoi et comment les municipalités urbaines concernées adhèrent-elles aussi rapidement à l’Ovpm ou prennent-elles part à des activités internationales portant sur le patrimoine ? Pour répondre à ces questions, il est nécessaire d’observer d’abord comment les municipalités lyonnaise et québécoise s’investissent au sein de l’Ovpm, ce que les représentants ou les agents municipaux cherchent à travers ces adhésions ainsi qu’à travers leurs implications dans des activités internationales. Il s’agit donc, en particulier, de regarder comment les adhésions à l’Ovpm sont présentées ou déclinées localement. Il sera temps, ensuite, de déterminer si les adhésions à l’Ovpm et les participations aux activités internationales, à travers le renouvellement des représentations du patrimoine, connaissent des traductions locales, notamment en termes d’action publique, et de repérer si des effets en retour se font jour.

Notes
1070.

Seuls les deux élus représentants du Front National s’opposent, par principe, à cette adhésion.

1071.

 Entretien avec Françoise Mont de Bernardo, Chargé de mission auprès de J.M. Daclin (adjoint au tourisme et au rayonnement international) – Ville de Lyon, 12 décembre 2002.