1. S’ériger en modèle de la « bonne gestion » du patrimoine urbain

La dernière section du chapitre cinq a montré, à travers l’analyse de la forte participation des Québécois dans la création et la structuration de l’Ovpm, leur volonté d’orienter les missions de ce réseau international de villes. Ils le pensent initialement à la fois comme forum de discussions entre savants et politiques et comme lieu de valorisation du patrimoine urbain : représentations culturelles, sentimentales et économiques de cet objet y sont très rapidement présentes, sans toutefois que la première soit présentée comme prégnante. C’est donc une réflexion sur le rapport que les édiles locaux entretiennent au patrimoine urbain que ces instigateurs appelaient de leurs vœux. La recherche des « bonnes » pratiques de gestion du patrimoine est ainsi, lors des congrès de l’Ovpm, l’objet d’une quête pensée initialement comme réformatrice. Cette quête incite à ne pas envisager les participations municipales à l’Ovpm comme des actes gratuits et sans conséquence sur le gouvernement des villes. La section précédente a, en effet, souligné les représentations magnifiées de la gestion urbaine que chacun des délégués et des représentants d’une ville donne à voir lors des congrès de l’Ovpm. Nous souhaitons saisir comment ces représentations magnifiées sont élaborées et ce qu’elles signifient et engendrent en termes d’engagement politique au sein du réseau de villes. Est-il en effet possible d’observer des pratiques étrangères, de prendre connaissance de savoir-faire ou de méthodes et de se montrer comme modèle sans qu’aucun effet local n’apparaisse ?

Il est nécessaire d’étudier plus finement les effets politiques locaux des adhésions à l’Ovpm afin d’identifier d’autres motifs expliquant ces engagements. Les participations lyonnaise et québécoise à l’Ovpm, la manière dont les édiles locaux et les agents municipaux s’y donnent à voir, éclairent sur quelques-unes des ressources que constitue alors ce réseau international de villes pour chacune des municipalités et, au-delà, sur les ressources que peut constituer le transnational.