Parallèlement à la réalisation de ces entretiens, nous avons recueilli des données, des informations et des sources écrites relatives à la procédure d’inscription de manière générale, à celles menées à Lyon et à Québec ainsi qu’aux actions et aux initiatives qui ont vu le jour suite aux inscriptions sur la Liste du patrimoine mondial de l’arrondissement historique de Québec et du site historique de Lyon. Il s’agissait à travers le recueil de telles sources de vérifier, de compléter et d’affiner les informations et les récits des enquêtés ainsi que d’approfondir notre connaissance de l’objet patrimoine mondial (et, partant, de modifier et de réorienter les grilles d’entretiens). Enfin, le recueil de ces sources répondait également à l’objectif d’identifier les circulations à l’œuvre lors d’une procédure d’inscription (quelles sont les informations qui transitent ? comment transitent-elles ? qui les transmet ? qui les reçoit ? quelles évolutions subissent ces informations ? etc.).
Les sources écrites retenues ici sont essentiellement de la littérature grise (rapports, comptes-rendus de réunion, documents de travail) émanant soit d’institutions étatiques ou internationales, soit d’associations, soit encore d’universitaires. Une partie de ces sources écrites est également constituée de courriers et de courriels échangés entre ces organismes, ou entre des administrations municipales ou étatiques et des Lyonnais ou des Québécois. Dans ce cas, nous n’avons conservé que les courriers dont nous trouvions effectivement plusieurs fois la trace 1168 et dont les en-têtes justifiaient de l’authenticité des documents. Enfin, nous avons procédé à l’identification d’articles de presse (journaux locaux et nationaux), relatant soit les procédures d’inscriptions (ou constater l’absence de tels articles), soit des usages (qu’il s’agisse de conflits, d’opposition ou de mise en valeur) des inscriptions de Lyon et de Québec. La lecture et l’étude de ces articles nous ont permis tout au long des enquêtes de terrain de comprendre comment étaient diffusées les inscriptions sur la Liste du patrimoine mondial ainsi que d’identifier les représentations des organisations internationales véhiculées au plan local. Elles ont également facilité l’identification de nouveaux enquêtés.
Pour recueillir ces différentes sources écrites 1169 , nous avons d’abord systématiquement amassé la documentation que nous fournissaient les enquêtés, celle à laquelle nous avions accès dans les centres de documentation des organisations au sein desquelles travaillaient certains enquêtés (Agence d’urbanisme de Lyon, centre de documentation Unesco-Icomos, local de la Renaissance du Vieux Lyon, archives du CMSQ, etc.), et celle diffusée à travers les actions de communication des municipalités lyonnaise et québécoise. Nous avons ensuite cherché des informations et des sources complémentaires en dépouillant les archives de la Ville de Québec (les dossiers : Unesco, patrimoine mondial, relations internationales, relations intergouvernementales, ententes avec la province), les bulletins municipaux officiels de Lyon et de Québec ainsi que les compte-rendus des réunions du bureau du Comité du patrimoine mondial et ceux des réunions du Comité du patrimoine mondial. Nous avions accès à ces documents soit au Centre du patrimoine mondial, soit sur le site Internet de l’Unesco. De manière générale, les principaux textes, rapports et comptes-rendus de réunions de l’Unesco, de l’Icomos international ou encore de l’Ovpm sont en ligne et sont donc faciles d’accès.
Enfin, nous avons pu lire et analyser nombre de courriers officiels et d’échanges entre institutions concernées par les projets contestés de la municipalité québécoise grâce aux archives personnelles de certains fonctionnaires fédéraux et municipaux (nous n’avons toutefois eu qu’un accès très limités à ces archives personnelles) et surtout, pour Québec, grâce à la documentation que Léonce Naud a mis à notre disposition. Ce dernier a, en effet, conservé une copie de chacun des documents (courrier, mail, mémoire, rapport, projet, revue de presse, etc.) réalisés par l’un des membres de la Coalition pour la sauvegarde du Vieux Port, de la Coalition pour l’aménagement de la rive fluviale ou encore de Gens de baignade depuis le milieu des années quatre-vingt. Il garde également systématiquement toutes les informations, tous les courriers relatifs à l’aménagement du Vieux Québec, du Bassin Louise et de la Pointe-à-Carcy auxquels il a accès soit via son statut professionnel (fonctionnaire fédéral), soit par ses engagements militants. Nous avons pu travailler huit jours à dépouiller ses cartons de documents et nous avons ainsi réussi à reconstituer quelques uns des évènements essentiels de la vie politique québécoise suite à l’inscription sur la Liste du patrimoine mondial de l’arrondissement historique de Québec. Nous avons donc accédé à des documents essentiels pour comprendre, expliciter et qualifier les relations et les régulations entre les Québécois et les représentants de l’Unesco ou de l’Icomos international. Ces archives personnelles se sont donc révélées extrêmement riches pour comprendre et analyser les conflits qui ont eu lieu à Québec, conflits au cours desquels le patrimoine mondial est devenu un argument pour les opposants aux projets d’aménagement urbain.
La diversité des sources écrites recueillies et surtout la diversité des lieux au sein desquels nous les avons obtenues nous a d’abord permis de croiser les éléments repérés et ainsi d’établir l’authenticité de certains faits, de certains positionnements et de certaines crises. Ces diversités nous ont ensuite permis d’éclairer certaines tensions locales par des luttes d’institutions au plan international et d’expliciter certaines décisions officielles du Comité du patrimoine mondial par des faits et des discours réalisés à Québec. Autrement dit, les accès à ces différentes sources écrites nous a permis d’identifier des éléments qui circulent et d’accéder à ces éléments avant et après leurs import-exports.
Nous avons ainsi systématiquement recherché les courriers initiaux et les réponses qui avaient pu suivre afin de retracer des évènements et de comprendre les logiques de chacun des acteurs.
La liste des sources écrites mobilisées dans ce travail figure en annexe.