Les luttes urbaines des années cinquante autour du devenir du Vieux Lyon se déroulent sous les mandatures de Edouard Herriot, maire de Lyon depuis 1905, et de Louis Pradel. Elles se font plus vives lorsque ce dernier dirige la municipalité lyonnaise. Louis Pradel 1170 , élu par le Conseil municipal lyonnais suite au décès de Edouard Herriot en 1957, remporte facilement les élections de 1959 en conduisant ses propres listes « apolitiques » et en s’appuyant sur l’électorat traditionnel du parti radical. Durant cette première mandature, seuls les élus communistes restent en dehors de la majorité municipale : Louis Pradel gouverne avec des élus de l’UNR, du CNI et de la SFIO. Il entretient en outre des relations privilégiées avec des opposants déclarés du Général de Gaulle. Les listes « apolitiques » P.R.A.D.E.L. (Pour la Réalisation Actives des Espérances Lyonnaises) remportent, lors des élections de 1965, 71% des suffrages exprimés faisant de Louis Pradel un maire bien implanté à Lyon. Ce dernier ne s’engage pas, toutefois, dans une carrière nationale et se contente de soutenir des individus qui lui sont proches, favorisant leurs élections : Francisque Collomb et Léon Chambaretaud deviennent sénateurs en 1968. Louis Pradel est élu à la Communauté urbaine de Lyon, à la suite d’un accord avec Etienne Gagnaire, maire socialiste de Villeurbanne. L’unité de son équipe se fissure toutefois en 1971. Il poursuit alors son mandat en prenant appui sur les élus de l’UDR, des Républicains Indépendants et des centristes. Il décède un an avant la fin de son mandat ; Francisque Collomb lui succède. Il remporte les élections de 1977 puis celles de 1983 en s’appuyant sur le centre et le RPR et a, lors de son second mandat, Michel Noir comme premier adjoint. Les prémisses des « stratégies internationales » de Lyon apparaissent au cours de cette période avec la signature des premiers jumelages : avec Birmingham en 1951 et avec Francfort en 1960. La municipalité lyonnaise établit, plus tard, un pacte d’amitié avec Leipzig en 1981 et s’engage dans des projets d’envergure visant à donner une stature internationale à la ville.
En 1989, Michel Noir remporte facilement les élections face à Francisque Collomb : les listes du premier arrivent en tête dans les neuf arrondissements lyonnais. Il dispose donc d’une très large majorité à la Ville de Lyon. Michel Noir ouvre toutefois son équipe municipale aux élus de l’UDF afin de s’assurer de leur soutien lors de l’élection de la présidence de la Communauté urbaine de Lyon. Il en devient le président et gouverne cette seconde institution avec l’UDF (6 élus de ce parti obtiennent des postes de vice-présidents). En 1990, il quitte le RPR et fonde un nouveau parti « Nouvelle démocratie ». Michel Noir reprend lors de la campagne électorale la thématique de projets développés par Francisque Collomb. Il est toutefois le premier candidat à la mairie de Lyon à axer sa campagne, puis les priorités de son mandat de président de la communauté urbaine, sur l’internationalisation de Lyon. Cette dernière serait appuyée d’abord sur des grands projets d’équipements tels que la Cité Internationale ainsi que sur une réforme visant à instaurer une meilleure coopération entre institutions locales. En même temps que se confime ainsi la volonté de faire de Lyon une ville internationale, des protocoles d’accord sont établis avec quelques villes européennes (Göteborg ou encore un pacte réunissant Lyon, Barcelone et Turin), puis plus largement, au cours de la décennie quatre-vingt-dix, avec Montréal, Philadelphie, Canton, Yokohama ou encore Ho Chi Min Ville.
Les municipales de 1995 se déroulent dans un contexte marqué par le procès de Michel Noir. Mis en cause dans l’affaire Botton, ce dernier ne brigue pas de second mandat. Présent sur les listes de l’un de ses anciens adjoints Henry Chabert (composées notamment de noiristes), Michel Noir n’est pas candidat à un poste exécutif 1171 . Pour ces mêmes élections, Raymond Barre conduit une liste d’union UDF/RPR et Gérard Collomb dirige la liste socialiste. A l’issu du premier tour, Raymond Barre est en tête et obtient la fusion des listes Chabert et Barre. En 1995, la municipalité lyonnaise compte 26 élus UDF et RPR, 18 noiristes et 27 élus issus des listes de Gérard Collomb. Pour assurer une majorité au sein de la Communauté urbaine (sur les 37 vice-présidents, 8 sont RPR, 17 sont UDF, apparentés Udf ou divers droite, 1 noiriste, 1 divers gauche et 2 sans étiquette), Raymond Barre multiplie les postes d’adjoints. Il poursuit la thématique du rayonnement international. Il entend l’accroître grâce à la réalisation de projets d’équipements axés, notamment, sur les délocalisations d’institutions publiques et privées ou encore grâce à l’ouverture de la structure politique de la communauté urbaine aux partis de gauche. Il est également à l’origine de l’organisation de Biovision et de la tenue du G7 à Lyon les 27, 28 et 29 juin 1996.
En 2001, les listes de Gérard Collomb, de Charles Million et de Michel Mercier sont en compétition. Ce dernier se retire à l’issu du premier tour, refusant la fusion de sa liste avec celle de Charles Million. Jean-Michel Dubernard conduit finalement des listes regroupant des partisans de Charles Million et des adhérents de l’UDF et du RPR. Gérard Collomb remporte les élections et gouverne avec un conseil municipal constitué de 25 socialistes et apparentés, 18 millionistes, 13 UMP, 6 communistes, 5 verts, 3 radicaux et 3 élus de la Gauche Alternative Ecologique et Citoyenne. Gérard Collomb poursuit également la démarche de « rayonnement international de Lyon » à travers le développement de grands équipements au sein de l’agglomération lyonnaise : il relance, par exemple, l’ancien projet d’aménagement du confluent et consolide ou développe la participation lyonnaise à de nombreux réseaux de villes. Aujourd’hui, la Ville de Lyon ou la Communauté urbaine de Lyon (qui assure l’essentiel des activités de coopération décentralisée), participent essentiellement à des activités et des coopérations développées dans le cadre de réseaux de villes 1172 . La municipalité lyonnaise est aujourd’hui active dans des réseaux de villes nationaux (Cités Unies France et Association des communes et régions d’Europe), le réseaux européen Eurocities (ce réseau représente un enjeu important aux yeux de Michel Noir d’abord, puis de Raymond Barre et enfin de Gérard Collomb), et des réseaux internationaux de villes parmi lesquels Cités et gouvernements locaux unis, City Net (réseau de villes asiatiques), Luci (Lighting Urban Community International), Association internationale des villes éducatrices ou encore le CEIN (il s’agit d’un groupe de travail réunissant les Directeurs Généraux des villes de Barcelone, Birmingham, Francfort, Lyon et Milan depuis 1998. L’objectif de ce réseau informel est « d’échanger les meilleures pratiques de gestion des villes » 1173 ). En outre, la municipalité lyonnaise a signé la Charte européenne des droits de l’Homme en 2002 et appartient depuis au réseau de la charte européenne des droits de l’homme dans la ville.
Sur ce maire lyonnais, voir Sauzay (Laurent), Louis Pradel, maire de Lyon, Editions lyonnaises d’art et d’histoire, Lyon, 1998.
« La déclaration de Michel Noir », Lyon Figaro, 27 avril 1995.
Le site Internet de la Ville précise ainsi que « Initialement appelés jumelages entre les années 50 et 70 ou encore pactes d’amitiés pour évoluer vers des Protocoles d’accord ou des Protocoles d’échanges et de Coopération, voire des déclarations d’intention de travail commun, les relations bilatérales entre Lyon et ses villes partenaires ont largement évolué. (…) Il s'agit désormais d'une démarche d’échanges d’expériences, de meilleures pratiques entre administrations, mais aussi entre élus. Bien souvent, ces relations bilatérales conduisent à des coopérations plus larges au travers de réseaux ». Voir http://www.lyon.fr/vdl/sections/fr/international/une_tradition_decha/
http://www.lyon.fr/vdl/sections/fr/international/reseaux_villes/lumiere_droits_de_l/?aIndex=3