Annexe C – Bref historique de la vie politique québécoise

Lors des élections municipales de 1962, le maire sortant Wilfrid Hamel (organisateur du Parti libéral du Canada pour le district de Québec, il est élu pour la première fois en 1953) est réélu. Le Progrès Civique Québécois (PCQ), parti est créé par Gilles Lamontagne en 1962, fait alors élire cinq conseillers municipaux. Cette même année, le premier jumelage avec une ville étrangère est signé avec Bordeaux, huit ans après celui établi entre Québec et Calgary. Le PCQ accède au pouvoir lors des élections de 1965 : Gilles Lamontagne gagne les élections face à Isidore Deschenes et Raymond Cossette. Neuf des douze conseillers sont issus du PCQ ; les trois autres, indépendants, lui sont très vite intégrés. A partir de 1965, un nouveau régime municipal débute donc avec l’élection du PCQ dont la principale ambition est de moderniser la ville et d’instaurer une administration municipale efficace (idéologie inspirée par le mouvement réformiste canadien). En rupture avec le programme initialement établi par ce parti, les nouveaux élus préfèrent consulter les « forces vives » comme en témoigne le slogan des élections de 1969 : « Un chef, une équipe, un programme ». Au cours de cette élection, le PCQ s’oppose à Monseigneur Lavoie avec le « Cartel du Bien commun » (initiative solitaire). Gilles Lamontagne est réélu en 1969 et en 1973. Pendant ses mandats, les jumelages restent au stade de l’affichage politique, assez peu d’activités sont effectivement réalisées.

Si le discours du PCQ rencontre un succès notable pendant vingt ans, des voix se font toutefois entendre dès les années soixante pour condamner l’approche empruntée par le PCQ dans la rénovation de la ville. Le réaménagement urbain est réalisé au prix de destructions massives dans les quartiers du centre-ville. Le délogement de plusieurs milliers de personnes suscite une critique discrète mais grandissante du déficit démocratique des instances municipales québécoises. De façon simultanée, une opposition extraparlementaire s’organise afin de contrer le PCQ régnant jusque-là sans partage. Une coalition de groupes populaires et d’intellectuels engagés forme en 1977 un nouveau parti municipal : le Rassemblement populaire de Québec (RPQ). Cette nouvelle formation dénonce la collusion entre le pouvoir municipal et les promoteurs immobiliers et propose d’y remédier par une démocratisation radicale de l’Hôtel de ville. En 1977, Jean Pelletier (PCQ) remporte toutefois les élections face au RPQ. Avec la montée en puissance de ce dernier, le nouveau maire revoit le programme du PCQ. Il abandonne certains grands projets pas encore mis en œuvre (des projets autoroutiers notamment) au profit de projets d’habitation et de conservation de la qualité de vie dans le centre-ville. Réélu en 1981 (alors que de premiers conseillers RPQ sont élus), puis en 1985, Jean Pelletier relance la diplomatie québécoise en renouvelant les jumelages préexistants et en répondant à l’intérêt que manifestent deux autres villes : Albany, capitale de l’État de New York (Etats-Unis) et X’ian, capitale de l’État du Shaanxi (Chine). Un tournant dans la diplomatie municipale de Québec est donné à voir avec les créations successives de la communauté urbaine de Québec (1970) et la création de deux agences vouées à la promotion économique, l’Office du tourisme et des congrès de la CUQ (OTCCUQ) et la Société de promotion économique du Québec métropolitain (SPEQM) en 1989. Elles contribuent sans doute à donner à la région toute entière une certaine vision internationale. Si un renouveau de l’intérêt international de Québec est donc donné à voir, il manque toutefois de suivi et les ententes alors signées sont rapidement fragilisées. Au cours des années quatre-vingt, la participation de la municipalité québécoise à l’Association internationale des maires francophones (AIMF) se concrétise également constituant la première implication de cette municipalité dans un réseau de villes. Reste que, comme le remarque Nicolas Racine, l’habitude québécoise de recevoir plutôt que d’initier des propositions d’entente et de jumelage perdure 1174 . De fait, l’intérêt international de la municipalité Pelletier vise essentiellement le développement de relations paradiplomatiques et la consolidation d’un rôle de capitale d’État : l’obtention de l’installation d’un bureau de l’Unesco à Québec est un très bel exemple de ces ambitions internationales.

Le Rassemblement populaire arrive au pouvoir en 1989 avec l’élection du Maire L’Allier (avec 62% des voix et seize conseillers sur vingt). Il restera au pouvoir jusqu’en 2005. En trente ans, on passe ainsi d’une approche caractérisée par l’apolitisme et l’apologie de la représentation à un paradigme proposant l’ouverture et la participation. La Ville de Québec a glissé d’un discours de la rénovation gestionnaire à une rhétorique du renouveau démocratique 1175 . En outre, l’arrivée de Jean-Paul L’Allier à la tête de la municipalité québécoise permet la mise en place dès janvier 1990 d’un Bureau des relations internationales, chargé du suivi des dossiers liés aux jumelages et aux questions de protocole. Finalement, la multiplication des activités internationales de la Ville de Québec va de pair avec leur régionalisation. Elles se développent principalement après 1995. Ce n’est en effet qu’à partir de ces années que les nombreux jumelages connaissent des travaux actifs et que les participations aux deux réseaux auxquels la municipalité adhère se font plus vives. Dès lors, cette dernière cherche des appuis régionaux plus formels. Ces derniers sont principalement développés dans la perspective de financer les activités diplomatiques de la région et les projets jugés structurants : formation d’un Fonds Québec international, avec des financements fédéral et provincial, qui évolue vers le Groupe de rayonnement international des régions de Québec et Chaudière-Appalaches (GRI). Ce dernier n’intervient pas toutefois dans la participation québécoise à l’Ovpm. Enfin, les missions deviennent, selon Nicolas Racine, le mode d’expression diplomatique favori des autorités municipales québécoises 1176 . Aujourd’hui (suite aux fusions municipales), Québec participe à l'Organisation des villes du patrimoine mondial (dont le siège social est à Québec), à Cités unies, à la Ligue des villes historiques ; à l'Association internationale des villes éducatrices ; à Cités et gouvernements locaux unis ; à l'Association internationale des maires francophones (AIMF) ainsi qu’à l'Alliance des villes des Grands Lacs et du Saint-Laurent. En outre, depuis le début des années 2000, plusieurs partenariats bilatéraux ont été conclus : avec Ouagadougou en 2000, Paris en 2003, Saint-Pétersbourg en 2002, X’ian en 2001, Guanajuato en 2002, Hué en 2005, Liège en 2002 ou encore Montevideo en 2000. Ces derniers partenariats sont développés dans le cadre de réseaux internationaux de villes.

Notes
1174.

Racine (Nicolas), « L’insertion internationale et la cohésion régionale : le cas de la ville de Québec », Cahiers de Géographie du Québec, vol. 47, n° 131, 2003, p. 293-309, p. 300.

1175.

Mercier (Guy), « L’urbanisme des échecs urbanistiques : la rhétorique du quartier Saint Roch à Québec depuis 1990 », dans Gilles Sénécal, Diane Saint-Laurent (dir.), Les espaces dégradés. Contraintes et conquêtes, Sainte-Foy, Presses de l’Université du Québec, p. 237-254.

1176.

Racine (Nicolas), « L’insertion internationale… », art. cit., p. 303.