Université Lumière Lyon 2
Faculté de Sciences économiques et de gestion
Sciences économiques et de gestion
Sciences économiques
Mention Economie des Transports
Les autobus en site propre intégral,
une solution à la crise des transports dans les grandes agglomérations subsahariennes
Thèse de Doctorat
Sous la direction de :
Didier PLAT, Enseignant-Chercheur HDR à l’ENTPE
le 11 juillet 2006
Devant un Jury composé de :
Yves CROZET, Professeur à l’Université Lyon 2
Xavier GODARD, Directeur de Recherche à l’INRETS (rapporteur)
Didier PLAT, Enseignant-Chercheur HDR à l’ENTPE (directeur de thèse)
Benjamin STECK, Professeur à l’Université du Havre (rapporteur)

Remerciements

Ce travail n’aurait jamais eu lieu sans les soutiens de Lourdes Diaz Olvera et de Didier Plat. Ils ont été d’une grande disponibilité ont guidé ma réflexion par des conseils avisés et leur connaissance de la mobilité urbaine en Afrique subsaharienne. Ils ont surtout rendu ce travail très agréable. Je tiens à leur adresser toute ma gratitude. Un spécial « big up » à Pascal pour sa rigoureuse relecture et une discographie ô combien nécessaire à la rédaction d’une thèse mais qui ne peut malheureusement figurer dans la bibliographie. Je remercie également Dominique, Marie, Martine et tous les membres du Laboratoire d’Economie des Transports qui ont pris plaisir à travailler avec moi et réciproquement. Je n’oublie pas Christelle et sa bonne humeur, Damien et les autres compagnons des parties de coinche à midi., Samir et Gilles de la repro. Enfin, je remercie Xavier Godard pour l’intérêt qu’il manifeste à l’égard de mon travail.

A Nani, merci pour tout.

Cela promettait d’être un de ces lundis démentiels de Lagos, où partout, dans la chaleur et la poussière, allaient s’étirer les embouteillages. Les automobilistes observaient tous ce rite du début de semaine avec une ferveur dévote. Onuma entra dans la mêlée et la poussière au moment le plus forcené, contraint qu’il était de rentrer dans le rang par une situation qui ne lui était pas totalement inconnue : l’impécuniosité. (…) Il ne pouvait même pas prendre un de ces nouveaux bus chic qui avaient prolongé leur itinéraire jusqu’en des points aussi éloignés qu’Ikeja. Il fut donc obligé d’attendre le car vétuste qui gémissait et craquait de partout. Quand le car arriva, il était déjà plein et Onuma dut se battre pour monter. Il trouva la dernière place libre, un de ces sièges crevés dont les ressorts s’enfoncent dans votre postérieur.
Toutes les places étaient occupées, mais le chauffeur n’était pas pressé de démarrer.
« Alors, qu’est-c’qui s’passe ? grommela quelqu’un, alors, chauffeur, pourquoi t’y vas pas ?
Le chauffeur installé dans sa petite cabine se retourna avec un sourire bonasse.
« J’suis pas l’contrôleur, va lui d’mander. »
Le contrôleur, un jeune homme morose en agbadda [pagne d’homme] déchiré, se tenait sur le marchepied arrière et mordait un gros trognon de pain. L’expérience lui avait appris à ignorer les protestations des passagers tant qu’il subsistait le moindre espace inoccupé.
Finalement, après les avoir laissé mariner un peu plus, il cogna mollement contre la carcasse branlante de l’autobus en criant : « en route ! » Mais il était déjà trop tard. Les encombrements de Lagos avaient devancé les voyageurs. Les passagers acceptaient cette situation dans un silence résigné, mais Onuma était trop accablé par la chaleur et l’odeur de cette foule pour la supporter plus longtemps. A sa manière impulsive, il sauta de l’autobus et partit à pied. L’interminable cohorte des voitures s’allongeait pare-chocs contre pare-chocs sur ce qui semblait des kilomètres. (…)
Il n’était pas encore possible de situer la cause de cet embouteillage, encore que dans la circulation du lundi il n’y eût pas de bouchon à proprement parler mais simplement désordre, manque d’organisation, incapacité à concilier les intérêts divergents d’une population avide.

(Nkem Nwankwo, Ma Mercedes est plus grosse que la tienne, roman traduit de l’anglais par Josette Marne, Paris, Le Serpent à Plumes, 1975 pour le texte original, pp. 87-89)