INTRODUCTION

La scène décrite par l’écrivain nigérian Nkem Nwankwo se déroule, dans les années 1970, dans l’agglomération déjà millionnaire de Lagos. C’est également celle vécue, de nos jours, par les habitants d’Abidjan, d’Addis-Abeba, de Conakry, de Dakar, de Dar es Salam, de Douala, de Harare ou encore de Nairobi. Elle traduit la situation critique des transports urbains dans les grandes agglomérations subsahariennes. La dégradation des conditions de mobilité des citadins et, surtout, la difficulté à entrevoir une issue nous incitent justement à parler d’une véritable crise des transports urbains. Celle-ci vient s’ajouter à la nombreuse liste de crises que traverse l’Afrique subsaharienne : crise économique, crise de légitimité des gouvernants ou crise de gouvernementalité, crise sanitaire, crises alimentaires périodiques… Face à des besoins urgents si nombreux, qu’est-ce qui justifierait que soient consacrés des moyens à la résolution de la crise des transports urbains subsahariens ? Ils représenteraient autant de ressources en moins pour les autres besoins. En Afrique subsaharienne, plus qu’ailleurs, la rareté des ressources incite à se poser cette question.