b. Les systèmes de transport urbain de masse, un coût et des exigences
organisationnelles fortes

Si les STUM correspondent à l’évolution de la demande de déplacements dans les grandes agglomérations subsahariennes, il faut encore qu’ils soient à la portée de leurs moyens financiers. Pour nous, la faiblesse des ressources impose aux agglomérations subsahariennes les choix les moins coûteux, les ASPI. Cette option la moins onéreuse représente cependant encore un lourd investissement. Existe-t-il des moyens de financement de l’aménagement d’un ASPI dans les grandes agglomérations subsahariennes ? Cette question sur la disponibilité des moyens de financement renvoie inévitablement à celle de l’origine d’un tel financement.

Il ne s’agit bien entendu pas de limiter la question du coût d’un STUM au seul investissement. Il faut aussi s’interroger sur la viabilité d’un tel aménagement dans le contexte subsaharien. Dans l’analyse de cette question, il convient de prendre en compte le maintien d’une accessibilité financière du plus grand nombre à cette offre de transport collectif urbain, unique moyen de transport mécanisé pour une très large majorité des citadins africains. Là également, la faiblesse des ressources, à travers la faible capacité à payer des usagers, impose des choix forts en termes de schéma d’exploitation.

Mais au-delà de la question de son accessibilité financière aux agglomérations subsahariennes, un STUM représente d’importants enjeux organisationnels de l’offre de transport urbain. Compte tenu des carences actuelles en termes d’organisation et de réglementation des transports urbains subsahariens, il ne saurait être envisagé un aménagement de STUM sans une redistribution des compétences institutionnelles dans le but d’une meilleure coordination et d’une plus grande efficacité des interventions et son recours à un type d’exploitation autre que celui privilégié par les artisans opérateurs actuels. En fait, pour utiliser les termes de Nkem Nwankwo, les défaillances des transports urbains subsahariens renvoient souvent et « simplement [au] désordre, [à un] manque d’organisation, [à une] incapacité à concilier les intérêts » des citadins par la puissance publique.

L’aménagement d’un ASPI dans une agglomération subsaharienne, parce qu’il représente une amélioration qualitative de la mobilité urbaine et un marquage physique fort sur l’espace urbain sur une durée relativement longue, ne constitue-t-il pas justement un levier, d’une part, pour une remise en cause du cadre organisationnel et réglementaire défaillant des transports urbains, d’autre part, pour une restructuration de l’offre actuelle ?