b. Des noyaux anciens qui concentrent l’essentiel des activités urbaines…

Kaloum (ancienne île Tombo) à Conakry, Le Plateau à Dakar, Bonanjo-Joss à Douala, les noyaux urbains originel concentrent encore aujourd’hui l’essentiel des structures de gestion économique (et administrative pour les deux premières) du pays. Pratiquement tous les ministères (les services administratifs de la ville et de la province et quelques directions centrales nationales dans le cas de Douala), les sièges des banques et des sociétés commerciales, la zone portuaire, la gare ferroviaire (à Conakry et Dakar) sont contenus dans une petite superficie : 2,58 km² pour la commune de Kaloum et 5 km² pour Le Plateau . Ces centres fonctionnels constituent les principaux pôles d’emplois du secteur structuré de l’économie.

Figure 13 : Une typologie de l’espace urbain de Douala en 1982 qui reste d’actualité

Source : Ministère de l'Urbanisme et de l'Habitat

La présence de ces activités génère également celle du secteur non structuré : petits vendeurs, restauration, cireurs de chaussures, réparateurs divers... On y note aussi la présence de quelques grands marchés : Marché Niger à Conakry, Marché Sandaga et Marché Malien à Dakar. Mais c’est surtout dans et à proximité des anciens quartiers indigènes de l’époque coloniale que se sont développées les principales zones d’activités commerciales et « artisanales » de la cité. A Conakry, le Marché de Madina et ses alentours constituent la plus importante zone commerciale de la ville : le marché compte plus de 20 000 commerçants . A Dakar, « le port est prolongé par une grande zone commerciale qui va de Sandaga (Plateau) à Colobane en passant par Tilène (Medina), transformant cette partie de la ville en vaste bazar intéressant non seulement les citadins mais aussi les habitants de l’intérieur du pays et les commerçants des pays limitrophes » . C. Kane rapporte les résultats d’une étude datant de 1989 : 42 % des unités et 39 % de la population employée par le secteur informel de l’agglomération de Dakar étaient concentrées dans le centre-ville. Le Schéma Directeur d’Aménagement et d’Urbanisme de Douala , au début des années 1980, a clairement délimité cette « zone d’artisanat et de commerce » (Figure 13). Malgré l’ancienneté du document, ce découpage reste toujours d’actualité. La zone comprend les deux plus importants marchés de la ville (Marché Central et Marché Mboppi) et des activités marchandes et de service quasiment sur chaque espace disponible et accessible. La présence d’activités du secteur structuré de l’économie et des grands équipements sont autant de facteurs propices au développement des « activités de débrouille ».

Les noyaux urbains coloniaux, centres administratifs ou commerciaux, sont les zones les mieux pourvues en branchements divers : eau potable, électricité, évacuations des eaux usées... Sur le plan sanitaire, les deux hôpitaux de Conakry sont situés dans le centre (CHU Ignace Deen à Kaloum et CHU Donka à Dixinn), Le Plateau de Dakar compte deux hôpitaux « d’envergure nationale »et un des deux hôpitaux doualais (Laquintinie) se trouve dans le centre. S’agissant des équipements sanitaires de proximité, là également les centres sont mieux pourvus. Kaloum dispose d’un centre de santé pour 10 000 habitants alors que dans les communes de Matoto et Ratoma, extensions périphériques, le ratio passe à un centre de santé pour 60 000 à 70 000 habitants . Si les équipements scolaires sont également les plus fournis dans les noyaux urbains les plus anciens – jusqu’en 1998, Pikine et Guédiawaye (ensemble résidentiel millionnaire de l’agglomération de Dakar) ne disposaient que d’un seul lycée public – le développement d’écoles privées dans les extensions périphériques, constaté à Conakry et Douala 34 , a permis d’atténuer cet écart.

Notes
34.

Ce phénomène constaté dans le cadre de l’étude PMU [SITRASS, 2004a ; 2004b] est également souligné pour Conakry dans une autre étude : Groupe Huit et BCEOM [2003].