c. …et des extensions périphériques populaires

Matoto et Ratoma, les deux communes périphériques, concentrent les deux tiers de la population de Conakry (Tableau 20). Cette importance démographique est en rapport avec leur taille. Les communes centrales, moins peuplées et plus petites, possèdent des densités jusqu’à trois fois supérieures à la moyenne de l’agglomération.

Tableau 20 : Population et densité moyenne par commune à Conakry, en 2002
Commune Populationi Densité moyenneii (habitants/ha)
Kaloum 86 000 290
Dixinn 172 000 237
Matam 191 000 303
Matoto 492 000 134
Ratoma 471 000 67
Total 1 412 000 117

iSource : Enquête QUIBB, 2002

iiSource : Groupe Huit et Bceom

Dans l’agglomération de Dakar également, la majorité de la population réside dans les extensions périphériques : en 2000, d’après les données de l’enquête EMTSU, sur les 2 143 000 habitants de la région, l’ensemble Pikine-Guédiawaye concentrait plus d’un million d’habitants, alors que la commune de Dakar n’en comptait que 812 000. Si C. Kane avance une densité moyenne de 34 habitants/ha en 1997 pour l’ensemble de la région de Dakar, celle-ci varie fortement d’une zone à l’autre. Nous avons essayé d’évaluer ces écarts de densité en nous basant sur les données de l’EMTSU (Figure 14) : nous avons cherché à estimer la densité de chacune des zones de mobilité construites pour les besoins de l’enquête ; n’ayant pas les superficies exactes de ces zones, il ne s’agit là que d’ordres de grandeur qui nous permettent cependant de dresser les grands traits de la structure urbaine de la ville. Les fortes densités (au-delà de 200 habitants/ha) se retrouvent à Médina (ancien quartier indigène), Grand-Yoff (zone correspondant, sur sa plus grande partie, à un « quartier populaire structuré » selon la typologie d’occupation du sol établie par C. Kane ), mais surtout à Pikine et Guédiawaye 35 . Le Plateau, avec à peine plus de 30 000 résidents, est très peu dense, surtout dans sa partie Sud (dans la catégorie des zones d’une densité inférieure à 50 habitants/ha).

Figure 14 : Les zones à forte densité de l’agglomération dakaroise

Note : pour la lecture du tableau, nous renvoyons le lecteur au nom des quartiers établis de la Figure 11

A l’instar de Conakry et Dakar, c’est dans les extensions urbaines les plus récentes que se trouve l’essentiel de la population doualaise. Les 3ème et 5ème arrondissements, à l’est, détiennent chacune un tiers de la population, soit un peu plus que les 1er et 2ème arrondissements réunis (Tableau 21, Figure 15).

Tableau 21 : Population de Douala par arrondissement
Commune Urbaine d’Arrondissement Population*
Douala 1er 261 000
Douala 2ème 228 000
Douala 3ème 502 000
Douala 4ème 98 000
Douala 5ème 524 000
Total 1 613 000

*Source : CAVIE, 2002

Figure 15 : Le découpage administratif de Douala

E. Boupda a dressé une carte des densités par quartier à Douala en 1991 que nous avons tenté d’illustrer (Figure 16) :

En plus de dix ans, la population a quasiment doublé par extension périphérique et densification des quartiers existants. Les zones comme Ndogpassi, Nyalla, Logbessou à l’est et Mabanda sur la rive nord du fleuve se sont considérablement peuplées ces dernières années. Il est fort probable que la densité résidentielle y ait augmenté.

Figure 16 : Densités des populations par zone à Douala

Légende : <100 : densité inférieure à 100 habitants/ha

100-200 : densité comprise entre 100 et 200 habitants/ha

200-400 : densité comprise entre 200 et 400 habitants/ha

>400 : densité supérieure à 400 habitants/ha

Source : E. Boupda

Dans les trois villes, les anciens noyaux urbains qui concentrent l’essentiel des emplois et des équipements urbains sont saturés et ne peuvent accueillir de nouvelles habitations. De nouveaux emplois se développent certes dans les extensions périphériques. Outre qu’ils sont généralement moins rémunérateurs, ils sont loin de combler les déséquilibres entre le centre et la périphérie comme le montre le Tableau 22 sur Dakar. Nous assistons donc à une différenciation de l’espace urbain avec un éloignement, par l’extension urbaine, entre les lieux de logement et les lieux d’activité. C. Kane rapporte les résultats d’une étude réalisée en 1992 qui montrait que seul Le Plateau, à Dakar, disposait d’un nombre d’emplois « modernes » supérieur à sa population (Figure 17). La situation est similaire à Douala : une enquête socio-économique réalisée en 1987 estimait que plus des trois quarts des travailleurs des couronnes centrales n’y résidaient pas .

Tableau 22 : Estimations des évolutions croisées de la population et des emplois dans l’agglomération de Dakar
Année Dakar Pikine Rufisque
1988 45,8 % (68,3 %) 41,5 % (24,8 %) 12,4 % (7,0 %)
1993 42,4 % (63,7 %) 45,2 % (29,1 %) 13,8 % (7,2 %)
1998 39,5 % (60,7 %) 46,7 % (30,5 %) 13,8 % (7,8 %)

Lecture du tableau : % population de l’agglomération (% des emplois de l’agglomération)

Source : X. Godard et L. Diaz Olvera

Figure 17 : Population et emplois par secteur à Dakar

Source : C. Kane

Notes
35.

Tout à l’Est de la région de Dakar, Sébikhotane, un petit centre urbain, présente également une grande densité.