3. A quels déplacements et à qui pourrait profiter l’aménagement d’un Système de Transport Urbain de Masse à Conakry, à Dakar et à Douala ?

a. Des déplacements en transport collectif plus longs, plus pénibles et plus chers que la moyenne…

Les déplacements que nous avons considérés dans le cadre de l’évaluation d’une demande potentielle pour un STUM sont, en moyenne, les plus longs et exigent le plus souvent un rabattement en transport collectif ou à pied. Compte tenu de ces rabattements et du confort relatif des taxis, bendskins, magbanas et autres ndiaga ndiaye, ils peuvent donc être considérés comme étant plus pénibles. Qui plus est, ils sont également plus chers que la moyenne.

Les temps de déplacement en transport collectif sont relativement longs à Conakry (41 min. en moyenne) et à Dakar (44 min. en moyenne), plus faibles à Douala (26 min. en moyenne). Deux tiers des déplacements en transport collectif en semaine ont une durée supérieure ou égale à 30 minutes dans ces deux agglomérations. 21 % (à Conakry) et 30 % (à Dakar) des déplacements nécessitent une durée d’au moins une heure. Lorsque l’on considère uniquement les déplacements que nous avons pris en compte pour l’estimation des débits horaires sur les axes à forte demande, cette durée moyenne augmente sensiblement dans le cas de Douala (Tableau 34) et la part des déplacements d’une durée supérieure ou égale à 30 minutes (à 60 minutes) atteint également les deux tiers (30 %). En fonction des axes de desserte du centre, les temps de déplacements varient. Ainsi, à Dakar, l’axe Pikine-Rufisque enregistre une durée moyenne de déplacement dépassant l’heure, un quart des déplacement atteignant ou dépassant 90 minutes. A Douala, c’est la traversée du fleuve (y compris déplacements périphérie/périphérie) qui présente les durées les plus importantes : une moyenne de l’ordre d’une heure de déplacement, quasiment tous les déplacements ayant une durée d’au moins une demi-heure.

Tableau 34 : Des temps de déplacement relativement longs sur les axes de desserte du centre
  Conakry Dakar Douala
Durée moyenne des déplacements TC 41 min. 44 min. 26 min.
Durée moyenne des déplacements TC pris en compte pour l’estimation des débits horaires sur les principaux axes 47 min. 47 min. 35 min.*

*Uniquement les déplacements TC entre le Centre et la périphérie

Le fait de recourir à au moins deux véhicules différents de transport collectif lors des déplacements est plus fréquent à Dakar et à Douala (respectivement 17 et 18 %) qu’à Conakry (5 %). La pratique de correspondances entre les transports collectifs augmente sensiblement sur les déplacements que nous avons considérés dans l’estimation des débits horaires sur les principaux axes de desserte en transport collectif (Tableau 35). C’est à Douala que l’augmentation est plus importante : sur les liaisons centre/périphérie, la part des déplacements avec plusieurs véhicules de transport collectif sur l’ensemble des déplacements réalisés en transport collectif varie du simple au double. Toujours à Douala, nous avons noté un plus grand recours à plusieurs véhicules de transport collectif pour les liaisons entre les deux rives du fleuve : 60 % des déplacements en transport collectif en semaine sont concernés. Sur l’axe Sud, cette proportion est de 48 % et on y constate un plus grand recours aux bendskins (45 % des déplacements contre 28 % pour l’ensemble des déplacements en transport collectif entre le Centre et la périphérie). Ce constat rejoint les analyses de SITRASS sur l’usage du bendskin en tant que mode de rabattement.

Tableau 35 : Un plus grand recours à plusieurs véhicules de transport collectif sur les axes de desserte du centre
  Conakry Dakar Douala
Part des déplacements TC faisant appel à plusieurs véhicules de TC 5 % 17 % 18 %
Part des déplacements TC pris en compte pour l’estimation des débits horaires sur les principaux axes et faisant appel à plusieurs véhicules de TC 7 % 21 % 34 %*

*Uniquement les déplacements TC entre le Centre et la périphérie

Un rabattement à pied (trajet à pied d’au moins 5 min.) est quasi-systématique à Conakry et Dakar : respectivement 86 et 83 % des déplacements en transport collectif en jour ouvré de semaine sont concernés. A Douala, il est d’une moindre importance mais, à l’instar des deux autres agglomérations, il augmente légèrement pour les déplacements que nous prenons en compte sur les axes étudiés (Tableau 36). Dans cette ville, ce sont encore les liaisons entre les deux rives du fleuve qui connaissent les pires conditions : trois quarts des déplacements en transport collectif sur ces liaisons exigent au moins un trajet initial ou terminal à pied d’au moins 5 minutes.

Tableau 36 : Un plus grand recours à de rabattement à pied sur les axes de desserte du centre
  Conakry Dakar Douala
Nombre moyen de trajets à pied lors des déplacements TC 1,22 1,37 0,65
Nombre moyen de trajets à pied lors des déplacements pris en compte pour l’estimation des débits horaires sur les principaux axes 1,25 1,43 0,68*

*Uniquement les déplacements TC entre le Centre et la périphérie

Plus longs, ayant le plus recours à des correspondances entre les transports collectifs, les déplacements pris en compte dans nos estimations des débits horaires sont également plus chers. Leur coût moyen est plus élevé que ceux de l’ensemble des déplacements réalisés en transport collectif en semaine dans les trois villes. Ils sont respectivement 10 %, 15 % et 29 % plus élevés à Dakar, à Conakry et à Douala (Tableau 37). Cela s’explique par le choix des déplacements plus longs pour nos calculs (exclusion des déplacements intra-zones). Mais les coûts des déplacements sont variables selon les axes. A Dakar, le coût moyen sur l’axe Ouest est 50 % plus élevé que la moyenne de l’ensemble des déplacements en transport collectif de l’agglomération, celui de l’axe Pikine-Rufisque est légèrement plus élevé tandis que celui de l’axe Nord-Sud est plus faible (respectivement, 271, 203 et 172 F CFA contre 182 F CFA pour l’ensemble des déplacements en transport collectif). A Douala, la traversée du fleuve en transport collectif exige un coût moyen 80 % plus élevé que la moyenne des déplacements en transport collectif de l’agglomération.

Tableau 37 : Un tarif plus élevé sur les axes de desserte du centre
  Conakry Dakar Douala
Coût moyen des déplacements TC 381 FG 182 F CFA 179 F CFA
Coût moyen des déplacements pris en compte pour l’estimation des débits horaires sur les principaux axes 437 FG 199 F CFA 230 F CFA*

*Uniquement les déplacements TC entre le Centre et la périphérie

Notons enfin que ces déplacements privilégient des modes offrant les plus grandes capacités :

  • les cars rapides et les ndiaga ndiaye constituent l’essentiel de l’offre sur l’axe Nord-Sud et l’axe Pikine-Rufisque (les deux plus importants de Dakar : respectivement, 86 et 90 % des déplacements de l’axe contre 77 % des déplacements en transport collectif de l’agglomération),
  • les magbanas sont préférés aux taxis sur les axes définis à Conakry (64 % des déplacements impliquant les magbanas contre 60 % pour l’ensemble des déplacements en transport collectif),
  • les taxis collectifs sont plus présents dans les liaisons centre/périphérie que les bendskins à Douala (83 % des déplacements impliquant les taxis contre 64 % pour l’ensemble des déplacements en transport collectif).