Si les différentes technologies de STUM ont été maintes fois expérimentées en Afrique du nord, en Amérique latine ou en Asie, elles constitueraient une nouveauté en Afrique subsaharienne. Et comme toute innovation, un tel aménagement présente des risques. Reprenant des travaux précédents sur les risques liés à l’innovation en transport, L. Dennant-Boemont présente une typologie de ces risques :
Toute innovation produit de l’incertitude quant à son succès et cette incertitude contraint à une recherche de flexibilité ou plutôt de « souplesse » des investissements, concept privilégié par P. Massé 45 : « … [l’investisseur] réalise , au prix d’un supplément de coût immédiat, un dispositif souple, susceptible de s’adapter à un large éventail de circonstances ».
Il est plus facile de reconvertir un site propre intégral pour autobus que des infrastructures ferroviaires. Un site propre intégral pour autobus présente un caractère moins irréversible qui permet plus facilement sa remise en cause ultérieure. Il est moins coûteux à construire et sans doute moins coûteux à « effacer ». Et s’il permet plus facilement un retour en arrière, un ASPI peut être conçu comme une étape vers un aménagement ferroviaire de surface. Au Brésil, Belo Horizonte a ainsi transformé un corridor d’ASPI en métro et le même processus est envisagé à Salvador . Certaines agglomérations des pays du nord, à l’instar de Birmingham, ont dès le départ intégré la logique d’évolution de leurs systèmes à base de bus vers des systèmes ferroviaires.
La technologie d’autobus en site propre intégral est la moins coûteuse des STUM. Solution privilégiée par certaines villes d’Amérique latine, elle a montré qu’elle savait répondre efficacement à de fortes demandes. Les ASPI présentent également l’avantage d’être une technologie plus simple à mettre en œuvre, et plus flexible que les systèmes ferroviaires. Leur construction et leur exploitation n’en seront que plus aisées pour des agglomérations subsahariennes n’ayant aucune expérience de STUM mais qui se sont familiarisées, par contre, avec les infrastructures et la circulation routière. Toutefois, le coût d’un ASPI reste cependant relativement important dans un contexte de rareté de ressources. Est-il accessible aux agglomérations subsahariennes ?
Massé P. (1959). Le choix des investissements, Paris, Dunod, 489 p. cité par L. Dennant-Boemont [1996, p. 177]