1.2. Un lieu de passage naturel

1.2.1. Les gués de la Saône

L’aspect actuel de la Saône remonte pour l’essentiel aux travaux du XIXe s. Ce n’est que lentement, depuis l’Antiquité, qu’elle a été canalisée par les hommes. Auparavant, son cours a divagué entre plusieurs chenaux ; et jusqu’au XIXe s., son lit était irrégulier, perturbé par de nombreux hauts-fonds29.

Plusieurs d’entre eux encadraient le site de Tournus, qui ont pu servir de gués (ill. 10 et 11). L’usage des plus récents se sera perdu, d’abord avec la mise en place d’un service de bacs au centre de la ville, au XVIIe s. au plus tard, puis bien sûr, avec la construction du premier pont - en 1801 seulement30. Toutefois, malgré les dragages du cours de la rivière, et même si le courant peut avoir déplacé les matériaux vers l’aval, les archives et trouvailles anciennes en donnent des indices, et les photographies aériennes révèlent encore leur présence.

Juste au nord de Tournus, le « gué de l’Epine » est le mieux identifié, par des découvertes d’époques diverses : situé sur la commune de Boyer, il était alimenté par les alluvions déversées dans la Saône par la Natouze. Plus près de la ville, il ne reste plus grand-chose du gué signalé autrefois près du lieu-dit « la Grange », à 2 km à peu près du centre urbanisé, appelé « passage de l’Homme d’Armes », ou de celui « du Moulin Ravet », situé juste en amont de l’abbaye médiévale. Au sud, deux gués s’étirent à l’oblique, du nord-ouest vers le sud-est, de part et d’autre de l’embouchure de la Dolive, jusqu’au lieu-dit « les Lorettes » ; les alluvions de la Gelaine ou bief « des Sept-Fontaines », et des autres ruisseaux, concourent sans doute à leur alimentation. Le plus septentrional des deux s’amorce en rive droite à la sortie du « castrum  » (ill. 10 et 11).

Notes
29.

Certains étaient présents jusqu’à la mise en eau des barrages sur la Saône en 1880. Sur ce chapitre, cf. DUMONT 2000 et 2002, et BOURGUIGNON 1996 et 2000.

30.

Cf. BERNARD 1911, p. 47 - 49, et 1912, p. 45 - 46.