2.2. La Tène finale, ou les premiers indices d’un resserrement sur le site actuel

Toutefois, il faut attendre la fin du second âge du Fer, pour que se précise une occupation à vocation d’habitat relativement stable, qui se rapproche sensiblement du centre-ville actuel. Deux sites gaulois de cette époque ont été fouillés à Tournus même, sur les marges de l’agglomération actuelle (ill. 11 et 12).

Le premier se trouve au sud-ouest, au lieu-dit Champsemard, au flanc d’un coteau d’inclinaison légère, à 1 km en retrait de la Saône. C’est un site apparemment limité, où un fossé protègeait sans doute un habitat disparu, en gros entre 150 et 50 avant J.-C. Selon Phillippe Barral, il tiendrait plutôt de la ferme indigène.

Mais le site principal, dit « des Sept-Fontaines » / « Clos-Roy », à l’ouest de Tournus, se trouve bien davantage à l’entrée du centre ville, sous lequel il pourrait se prolonger (ill. 11 et 12). Il s’agit cette fois-ci d’une forme de village, cerné par un fossé, avec de grandes maisons qui se succèdent le long du ruisseau, dans le vallon humide des Sept-Fontaines, à 600 m en retrait de la Saône. Seule, une portion en a été fouillée, des deux côtés du bief : elle révèle une occupation de la fin de La Tène finale, en gros entre 75 et 10 avant J.-C. Appartenant sans doute au territoire éduen, ce site illustre un type d’agglomération secondaire connu dans tout le couloir de la Saône, à mi-chemin entre la ferme indigène et l’oppidum, et qui se tournerait déjà vers l’artisanat et le négoce.

On observe en général, une certaine densité humaine autour de tels sites, et il est vraisemblable que d’autres hameaux aient entouré celui-ci. Certains pourraient bien être proches de la Saône, et une occupation n’est pas à exclure, sur la butte où allait se fixer le « castrum » à l’époque romaine32. A l’heure qu’il est, fouilles et observations archéologiques ont été trop peu nombreuses au centre de Tournus, pour pouvoir confirmer cette hypothèse33. Mais après l’abandon du village des Sept-Fontaines à l’époque augustéenne, on peut se demander dans quelle mesure la réorganisation d’époque romaine n’aura pas fixé, à l’intérieur d’une trame nouvelle, certains de ces habitats préexistants.

C’est justement ce nouveau paysage, qu’il nous faut maintenant déchiffrer plus en détail. Car c’est celui qui structure le site, encore au début du moyen âge - et en partie aussi, jusqu’aux époques actuelles (cf. ill. 11 à 13).

Notes
32.

Sur ces deux sites, cf. VAUSSANVIN 1985, DURIAUD 1994 b : p. 461 à 463, ainsi que BARRAL, P. - « L’archéologie de La Tène en Saône-et-Loire : un bilan contrasté », et VAUSSANVIN, H. - « L’enceinte celtique de Champsemard », et « Le village gaulois des Sept Fontaines ». In : Trente ans d’archéologie en Saône-et-Loire , 1996, p. 180 à 187, et 190 à 195 ; sur le village des Sept-Fontaines en particulier, les derniers éléments de datation et d’interprétation tiennent compte des indications orales de Philippe Barral, qu’il nous a données à la suite de sa thèse (BARRAL 1994) - avec tous nos remerciements pour ces éclaircissements.

33.

Le seul indice éventuel pourrait en être un foyer observé en 1986 par J. Duriaud, rue de la Cruche Cassée, non loin du site des Sept-Fontaines, à l’occasion de travaux immobiliers. Mais rien ne permettait de le dater.