1.6. Tournus aux VIIe / IXe s. : le silence des sources

De la période troublée qui voit se succéder les partages patrimoniaux au VIIe s., puis les incursions sarrasines et les guerres au VIIIe s., nous n’avons aucun écho pour Tournus ou ses environs. D’une manière générale, la Bourgogne semble avoir été très affectée.

Un seul texte concerne pourtant le secteur à cette époque, qui apparaît un peu comme une météorite. Il s’agit de la donation par l’évêque de Poitiers, en 677, de la villa de Venières (aujourd’hui, hameau de la commune de Boyer, juste au nord de Tournus).... au monastère de Saint-Philibert, alors installé dans l’île atlantique de Noirmoutier ! Peut-être ce domaine est-il à l’origine de la venue, deux siècles plus tard, de la communauté à Tournus ? Il n’en sera plus jamais question dans les textes ultérieurs49.

La région se relève lentement sous Charlemagne et Louis le Pieux. Soucieux d’unir le peuple chrétien derrière l’empereur, ceux-ci opèrent, de manière générale, une importante réorganisation de l’administration laïque et de l’église, fondée sur un contrôle renforcé des comtes et des évêques, devenus agents incontournables du pouvoir. Le soutien aux fondations monastiques et la remise en ordre des établissements préexistants participent à cette politique, portés par la réforme bénédictine de saint Benoît d’Aniane. En Bourgogne, ce mouvement touche un grand nombre d’abbayes, de Sens et Auxerre, à Nevers ou Saint-Seine-l’Abbaye50 .

Mais dans un contexte économique et démographique qui reste déprimé, les forces de dissociation se manifestent à nouveau, dès la fin du règne de Louis le Pieux. Elles s’expriment dans les querelles de succession, et plus généralement, dans les ambitions des puissants, laïcs ou ecclésiastiques. En 843, le partage de Verdun fait passer la frontière entre le royaume de Francie occidentale et celui de Lothaire le long de la Saône, coupant en deux l’ancien royaume de Bourgogne, et même certains pagi, comme celui du Chalonnais. Formellement, Tournus devient une ville frontière.

Notes
49.

Donation d’Ansoald, évêque de Poitiers, 1er juillet 677 : ANDRIEUX 1993, Recueil : n° 1, p. 349. Mentionné par CARTRON -KAWE 1998, vol. I, p. 120. Pour plus de détail sur cet acte, cf. ANDRIEUX, J.-P. - « Observations sur la donation de l’évêque Ansoald de 677 ». S.A.A.S.T. - C.I.E.R. , t. XCIV, 1995, p. 221 - 244.

50.

Sur la période VIIe / début du IXe s., cf. LEBECQ 1990, THEIS 1990, PAUL 1986 (t. I), LEMARIGNIER 1970 : en Bourgogne, cf. Histoire de la Bourgogne 1978 (1988), et CHAUME 1925 - 37 (1978). Sur les réformes, fondations et restaurations d’églises en Bourgogne au cours du IXe s., cf. SAINT-JEAN VITUS 1990 ; pour Auxerre en particulier, cf. Archéologie et architecture d’un site monastique , 2000.