Au sud et au nord du Tournus actuel, les tronçons repérés de la voie d’Agrippa figurent un parcours par succession d’axes rectilignes en rive droite de la Saône, qui longe le cours de la rivière à distance suffisante pour échapper aux inondations, toujours au-dessus de la cote d’altitude des 175 m NGF.
Depuis le sud, il est probable que la voie aborde le site par le promontoire du Villars, à 3,5 km de l’emplacement du castrum (l’actuelle route nationale 6 contourne cet escarpement par l’ouest). Au sud du Villars, des levées repérables dans les prés et les bois marquent sans doute son parcours, autour des cotes d’altitude 190 / 200 m NGF, selon un axe qui rejoint celui de la route nationale et du chemin de fer à hauteur de Farges / Uchizy. Après le Villars, la voie doit filer droit sur Tournus, suivant le bord de terrasse qui longe la Saône jusqu’à l’entrée de Tournus, en passant par le lieu-dit Saint-Clair, site d’une maladrerie médiévale aujourd’hui entre la nationale et le chemin de fer, à un peu plus d’1 km du castrum (ill. 11 et 12).
Vers le nord, la voie doit prolonger l’axe de la grand-rue du centre-ville actuel, jusqu’au pont de chemin de fer qui enjambe la nationale après la gare. Elle aurait été observée à cet endroit en 1930, lors du creusement du passage sous le talus du chemin de fer : des dalles posées à plat y surmontaient une assise de pierres plates posées de chant, le tout étant encadré de grandes pierres disposées à la perpendiculaire52. Puis la voie doit s’incurver légèrement pour rester parallèle à la Saône, en direction des lieux-dits « Baraban »53 et « La Grange », manoir de la fin du XVIe s., situé aujourd’hui entre la rivière et la voie de chemin de fer (ill. 11 et 12). De là, son tracé, rectiligne, a été repéré dans les prés, le long du bord de terrasse qui limite le lit majeur de la Saône, jusqu’au lieu-dit « l’Arvolot » (commune de Boyer), de l’autre côté de la rivière Natouze, et jusqu’au ruisseau de Merdery (ill. 11). En plusieurs endroits, ce tronçon a pu être observé en coupe lors de travaux de champ, sous forme d’un chemin grossièrement empierré bordé de fossés, à proximité duquel on a recueilli du mobilier d’époque antique.
Communication de A. Bernard, reprise dans DURIAUD 1994 b : p. 463.
JEANTON 1924, p. 42 : « On a découvert à Baraban et dans les finages voisins, à diverses époques, la chaussée de l’ancienne voie romaine... ».