2.2.2. Les vestiges : une occupation intérieure mal connue

Les vestiges du site antique avaient déjà intéressé les érudits Tournusiens. Pourtant, nous ne savons pas grand-chose de sonoccupation intérieurepour la période romaine. Au début du XXe s., seul A. Bernard signale « des traces d’hypocaustes ou de fours » qui auraient été reconnues place du petit Jour (au sud-est), lors de la construction des égouts en 1898 - 1900. G. Jeanton y fait sans doute allusion quelques années plus tard, quand il signale la mise au jour de « débris romains » et de « nombreux vestiges antiques » en 190062. On ignore s’ils sont plus récents ou plus anciens que la fortification du site.

De notre côté, nous ne pouvons ajouter à ces données que deux éléments nouveaux, issus des deux petites fouilles que nous avons pratiquées en 1992 et 1994, dans la partie orientale du castrum.

Le premier est une trace d’habitat, indubitablement plus ancienne que le rempart, apparue dans le sondage 15, place du Petit-Jour (cf. ill. 16 et 19). Il s’agit d’un fond de mur de 0,35 m de large, orienté est - ouest, qui est coupé par les travaux de construction de l’enceinte (et arasé à l’altitude 177,35 m NGF - soit 0,40 à 0,50 m au-dessus du substrat non anthropisé : « mur 7 » sur l’ill. 21). Les couches d’occupation correspondantes ont été largement écrêtées. Mais à en croire le mobilier des niveaux, chargés d’enduits peints, qui scellent sa démolition et s’épandent dans la tranchée de fondation du rempart, elles appartiendraient à la seconde moitié du Ier s., ou au IIe s. de notre ère (ill. 21 : maçonnerie 7 et US 8 en place, et ill. 22 : mobilier des niveaux de démolition)63.

Le second élément est un radier de chaussée, repéré en coupe au n° 27 rue des Boucheries, au milieu de la parcelle, et à 5 m de l’enceinte. Il se présente comme un hérisson de pierres calcaires entre lesquelles s’insèrent des fragments de terre-cuite antiques (tegulae, tessons de sigillée..), pris dans un lit de terre noire argileuse mêlée de pierres à plat, juste au-dessus du substrat (surface du radier à l’altitude 175,83 m NGF). Un mur de terrasse devait le séparer du niveau empierré qui borde directement le rempart ; mais peut-être s’agit-il d’un dispositif particulier, à proximité d’un passage vers l’extérieur (cf. infra : 2.2.4. Le tracé de l’enceinte, restitution : portes). En gros, on peut l’interpréter comme un témoin de la voirie qui longeait la muraille ; il n’a pas été possible de préciser sa datation (ill. 16, 17, 25 et 26).

Notes
62.

BERNARD 1908, p. 31 ; JEANTON 1924, p. 40.

63.

Nous devons remercier ici Mmes Fabienne Creuzenet et Martine Joly, spécialistes de céramique antique en Bourgogne, respectivement pour les productions fines et communes, pour l’identification de ce mobilier - encore confirmée par Mme Sylvie Mouton, spécialisée, elle, dans les périodes tardives. L’unique monnaie (un as en cuivre de Trajan, assez usé, pour une pièce qui a pu circuler jusqu’au début du IIIe s.), a été identifiée par M. Laurent Popovitch: qu’il en soit également remercié.