En revanche, la muraille d’enceinte est mieux connue. Ses vestiges peuvent s’observer dans les caves et les élévations de plusieurs maisons du quartier de la Madeleine, même si les constructions qui s’y sont adossées au fil des siècles ont passablement rogné et percé cet épais massif. En plusieurs endroits, des glacières avaient même été creusées sous ses fondations, dont la base forme désormais plafond64 (cf. ill. 23) ! A l’ouest, les restes d’une tour sont visibles sur la hauteur d’un étage au-dessus du sol, à l’intérieur d’une maison place de la Grenette (ill. 18).
De tels éléments avaient été répertoriés au début du XXe s., cave après cave, par A. Bernard, et surtout G. Jeanton. Ce dernier proposait de restituer une enceinte grosso modo rectangulaire, allongée parallèlement à la Saône, mais qui restait toujours sur la hauteur par rapport à la rivière - pour n’enfermer, au total, qu’une surface de un hectare et demi (ill. 15). N’observant en tous lieux qu’un blocage de « pierres jetées sans ordre dans un épais bain de mortier d’une dureté énorme », parmi lesquelles il croyait reconnaître un fragment de colonne cannelée, il concluait, contrairement à son prédecesseur A. Bernard, que ce rempart était édifié en « opus caementicum », « sans mur de parement » ; il le datait du IIe s. - essentiellement sur la foi du texte des Acta, censé décrire Tournus en 17765.
Pour notre part, nous avons non seulement entrepris deux petites fouilles sur le tronçon oriental de la muraille, mais également repris le suivi de ses vestiges, de maison en maison le plus systématiquement possible : ce qui nous a permis de préciser ces données (ill. 16)66.
Ainsi, nous avons pu relever les restes de tours non répertoriées jusqu’à présent. S’il ne subsiste plus qu’un noyau de maçonnerie pris entre deux maisons au sud-ouest (42, rue du Quatre-Septembre / 4, rue R. Dorey), on retrouve dans une cave une moitié du pourtour intérieur et des arrachements de maçonnerie au nord-ouest (10, rue de la Pompe). Quant à la tour d’angle sud-est, sa partie inférieure est conservée comme cave de plan circulaire au n° 19, place du Petit-Jour (ill. 19 - le niveau de sol intérieur actuel recreusant légèrement sa fondation), et on peut voir la base de son appareillage externe dans la cave voisine (3, rue Tilsitt : ill. 23). Tout ce secteur sud-est, contigu au sondage effectué en 1992, au 15, place du Petit-Jour, a d’ailleurs fait l’objet d’un plan détaillé, à travers un relevé cave par cave de vestiges accessibles, tantôt par en-dessous (sous-cave ou glacière), tantôt en élévation, extérieure ou intérieure, tantôt arasés ou enfouis (ill. 19).
Enfin, la fouille de 1994 au n° 18-19, quai du Midi, a révélé un dédoublement du mur, laissant la place pour un passage s’inclinant vers la Saône. Avec les autres restes observables ici et là, en sous-œuvre ou en élévation, parfois visibles en écorché, ou parfois sensibles sous forme d’un mur anormalement épais, ces données ont été reportées, le plus précisément possible, sur un nouveau plan d’ensemble. Sont venues s’y ajouter les observations effectuées en 2001 par Mathieu Rué (du G.R.A.T.) en partie sud-ouest du site, sur une courte portion arasée du rempart, apparue lors de travaux de drainage, rue du Quatre - Septembre (ill. 16 - 17, 24, et 26 à 33).
G. Jeanton rapportait qu’un « réseau de souterrains connus sous le nom de « Citernes romaines », « malheureusement difficiles d’accès » se trouvait sous les maisons voisines de la « tour Madelon » - c’est-à-dire à l’ouest, à l’arrière de l’actuelle rue du Quatre-Septembre, entre la rue de la Grenette et la rue des Casernes. D’après ce que nous en avons vu, il s’agirait plutôt de ces glacières, ménagées sans doute à époque moderne ; mais G. Jeanton lui-même restait dubitatif à ce sujet (JEANTON 1920, p. 172 - 173 et 179, ou JEANTON 1921, p. 153 et 162).
JEANTON 1920, p. 169 - 170, et 177, ou JEANTON 1921, p. 147 - 149, et 158 ; BERNARD 1908, p. 26 - 31.
Remercions ici Mme et M. Picard, habitants du quartier, grâce auxquels nous avons pu aller de maison en maison.