2.2.4. Le tracé de l’enceinte : restitution

Extension et dimensions

Nos sondages et observations ont conduit à modifier légèrement le tracé de l’enceinte proposé par G. Jeanton. A l’est en effet, celle-ci ne se contente pas de suivre à flanc de coteau la ligne de rupture de pente que figure à peu près l’actuelle rue des Boucheries, mais elle s’abaisse jusqu’à rejoindre la berge de Saône au quai du Midi (comparer les ill. 15 et 16). Certes, le tracé exact de la partie nord-est reste inconnu, malgré une enquête rigoureuse, menée de maison en maison : le long du quai du Midi, le rempart a sans doute été arasé, et il doit être au mieux recouvert par le sol des habitations, comme c’était le cas au n° 18-19 où nous avons fouillé. Au-delà vers le nord, ce sont au contraire les caves modernes qui semblent l’avoir détruit - ou peut-être, masqué. La restitution de cette partie du tracé peut néammoins se faire de manière approximative, en tenant compte de l’incurvation donnée en plan par la rue des Boucheries, et de la nécessité de se raccorder au tronçon repéré au nord en haut de la butte, de l’autre côté de la rue Désiré Mathivet.

Ainsi restituée, l’enceinte dessine une sorte de rectangle irrégulier aux côtés bombés vers l’extérieur,d’environ 165 m de long du nord au sud, pour 120 m d’est en ouest : ce qui définit une surface intérieure depresque 2 hectares.

A peu de chose près, ces dimensions sont celles des castra de Beaune et sans doute, de Luxeuil (2 ha à peu près) ; elles ne sont pas très éloignées non plus de celles de Noyon (2,5 ha à peu près). De leur côté, les castra d’Anse aux IIIe - IVe s., ou de Zurzach sur le Rhin supérieur (Suisse, canton d’Argovie), qu’on attribue à la seconde moitié du IIIe s., sont plus petits (1 ha pour le premier, 0,7 ha pour le second) ; tandis que ceux de Mâcon, dès le IIe s. apparemment, ou de Boppard sur le Rhin moyen (Allemagne, près de Coblence), qu’on considère du Bas Empire, sont déjà plus étendus (respectivement 3,5 et 4,6 ha à peu près : cf. ill. 35).

En somme, toutes périodes confondues, Tournus apparaît comme une agglomération secondaire fortifiée d’importance moyenne.

A titre de comparaison, les enceintes réduites du Bas Empire, de chefs-lieux de cités comme Grenoble, Rennes ou Tours, appartiennent à une catégorie supérieure, avec 9 ha de superficie interne (cf. ill. 34). Même le castrum de Dijon s’en approche avec ses 6,7 ha - comme pour justifier l’éloge célèbre de Grégoire de Tours, s’étonnant au VIe s. qu’une ville aussi étendue n’ait jamais reçu le titre de cité70.

Notes
70.

GREGOIRE DE TOURS, Historia Francorum , III, 19.

Sur Beaune, cf. CHOUQUER, G. - « Beaune (Côte-d’Or) ». In Atlas des agglomérations secondaires de la Gaule , 1994, p. 19 ; Luxeuil : BONVALOT, N. et CARD, C. - « Luxeuil-Luxovium (Haute-Saône )» ». In Atlas des agglomérations secondaires de la Gaule , 1994, p. 114-118 ; Noyon : DESACHY 1999. Sur Anse : FEUILLET - GRILLET - GUILHOT 1983 et FEUILLET - GUILHOT 1985. Sur Zurzach : SENNHAUSER 1979; Mâcon : COGNOT 1994 et BARTHELEMY 1996 ; Boppard : EIDEN 1975. Sur les dimensions des castra de Grenoble, Rennes ou Tours : CHATEL 1990, et BAUCHERON - GABAYET - MONTJOYE 1998.