Dans l’Antiquité tardive, le castrum est toujours occupé. L’archéologie l’atteste de manière ténue, mais tangible, dans la fouille du 27, rue des Boucheries / 18-19, quai du Midi. Un sol en place, vers l’intérieur de la fortification, correspondant peut-être à la rampe d’accès à la « poterne », démontre que le passage mis en évidence vers la Saône est toujours utilisé aux Ve - VIe s. C’est vraiment le castrum perçu par Grégoire de Tours, qu’on touche à cet endroit.
Fouillé sur quelques mètres carrés, ce niveau est le seul à ce jour, qui ait été reconnu en place à Tournus pour ces périodes. L’étagement possible dans le temps, du mobilier céramique recueilli (U.S. 18 de la fouille de 1994), pourrait d’ailleurs correspondre à un sol d’utilisation longue ; tandis que le mobilier résiduel issu des couches immédiatement supérieures (accumulées au cours des IXe et Xe s.) renvoie sans cesse à cette période (ill. 26 à 30 et 33, et annexe « Chronologie de la céramique médiévale à Tournus »)84.
Plus largement, du mobilier céramique recueilli sur quelques sites extérieurs au castrum , proches ou plus lointains, et datable des Ve - VIe s., atteste sans doute de la continuité des occupations, au moins le long des axes de voirie caractérisés pour la pleine période gallo-romaine. C’est vrai en particulier de ceux qui bordent la vieille route est-ouest, aux lieux-dits « en Julienne » (où se développera le village médiéval de « Lambres » aux portes de Tournus, cf. ill. 11, et infra, troisième partie, la ville en formation, XIIe - XIVe s. ; cf. annexe « Chronologie de la céramique médiévale à Tournus »). Il s’agit là de ramassages de surface au cours de prospections du G.R.A.T. ; mais un peu plus au sud,l’habitat rural des Ier - IIIe s. fouillé par J. Duriaud à Uchizy, le long du « chemin de piedmont » (lieu-dit « En Bénin »), a bien livré une dernière occupation de cette époque (cf. ill. 11, et annexe « Chronologie de la céramique médiévale à Tournus »).
Dans cette couronne extérieure, on ne peut en dire autant du site de la future abbaye, pourtant promis à bel avenir. Jusqu’à présent, en dehors des aspects funéraires, sur lesquels nous allons revenir, aucune occupation en place n’y a été fouillée pour ces périodes. Le seul indice éventuel est fourni par un petit lot de tessons de céramique des Ve - VIIe s., certes résiduel, mais dans les couches les plus profondes de notre sondage de 1991 à l’angle sud-est du futur cloître : (cf. ill. 74 et 75 : US 29 et 25 ; pour la localisation du sondage, cf. ill. 46 et 60 ; pour la céramique, cf. annexe « Chronologie de la céramique médiévale à Tournus »). Ces données restent bien maigres, pour évoquer à cet endroit une quelconque forme d’habitat.
Remercions ici Mme Sylvie Mouton et M. Emmanuel Poil, spécialisés respectivement dans la céramique de l’Antiquité tardive et dans celle du (haut) moyen âge dans le val de Saône, pour leur contribution à l’identification de ces tessons.