4. Conclusion

La vision qu’on peut avoir du Tournus antique est centrée sur le castrum. On ne sait rien pour cette période du site de la future abbaye, assurément traversé du sud au nord par la voie d’Agrippa, et l’hypothèse d’une nécropole à cet endroit reste en suspens. En revanche, on a les preuves d’une certaine densité de l’occupation rurale alentour, dès le premier siècle de notre ère, et on cerne un réseau de voirie qui se noue autour de la Saône, dans lequel le castrum tient une place de choix.

La fortification de cette agglomération secondaire a fait l’objet d’un repérage soigné, avec ses quatre tours d’angle, et un curieux passage en chicane à travers la muraille du côté de la Saône. On peut la dater maintenant sur des bases plus sûres, dans la seconde moitié du IIIe ou la première moitié du IVe s. de notre ère. A l’intérieur, on reconnaît l’organisation typique des camps militaires romains. Pour autant, il ne s’agit pas à cette époque d’une création ex nihilo : un habitat en dur est attesté avant le IIIe s.

La bourgade fortifiée s’est maintenue telle quelle dans l’Antiquité tardive. En son centre, elle comprend probablement très tôt une église qui préfigure la fonction « paroissiale ». Aux VIe - VIIe s. à peu près, elle est entourée de grandes nécropoles de plein champ, sur les hauteurs qui dominent la Saône ; comme partout, celles-ci sont abandonnées, sans doute au cours du VIIIe s. La zone d’inhumations se replie alors sur le site de la future abbaye, à 600 m au nord du castrum, où plusieurs sarcophages des Ve - VIIe s. ont été découverts à proximité directe de l’actuelle église Saint-Philibert. Très probablement, elle se concentre autour du sanctuaire martyrial consacré à saint Valérien, installé sur le bord de la voie d’Agrippa. Enfin, entre le castrum et Saint-Valérien, nous n’avons pas d’indices d’une agglomération particulière : il est vraisemblable que le « turnutium villam » de la donation de 875 désigne l’occupation de type rural qui perdure alentour, probablement plus dense le long de la voie d’Agrippa et aux abords du castrum.