1. Les sources écrites : des données plus nombreuses

1.1. Contexte historique général, fin IXe - Xe s.

Le long règne de Charles le Chauve, roi de Francie occidentale après le partage de Verdun, est marqué par la montée des ambitions de l’aristocratie comtale, et par la fréquence accrue des incursions normandes - lesquelles se poursuivront jusqu’au début du Xe s. Pour faire face, le souverain s’appuie sur quelques proches auxquels il confie de vastes gouvernements régionaux, et toujours, sur les autorités ecclésiastiques. Il n’en poursuit pas moins une politique ambitieuse d’expansion territoriale, agrandissant son royaume vers l’est et le sud avec le traité de Meersen en 870, puis annexant la Provence et l’Italie, avant de se faire couronner empereur en 875, deux ans avant sa mort.

Ses successeurs sont beaucoup plus ternes, et ce sont désormais les grandes familles princières qui exercent la réalité des pouvoirs. Elles imposent leur autorité à des roitelets qu’elles font et défont, les choisissant tantôt parmi les descendants des carolingiens, tantôt dans leurs propres rangs. De l’ancien royaume burgonde se détachent deux entités aux alentours de 900, après l’échec du comte Boson, qui s’était fait proclamer roi en 879. Les comtés du nord, de la Loire au Jura, sont réunis sous la férule du « princeps » Richard « le Justicier », père de Raoul, appelé à devenir roi des Francs ; les pays rhodaniens, eux, restent aux mains des Bosonides, avant de rejoindre le royaume de Bourgogne / Provence en 934, dans les années qui suivent la mort de Louis l’Aveugle, fils de Boson. Mais en Francie occidentale, le lignage le plus puissant reste celui des Robertiens, bien installés entre Loire et Seine : en est issu Hugues Capet, dont le couronnement en 987, signe l’extinction définitive des carolingiens.

Toutefois, ces grandes familles ne créent pas d’entités solides. En vérité, l’éclatement des cadres politiques et administratifs s’accélère dans la seconde moitié du Xe s. La réalité des pouvoirs s’abaisse désormais au niveau de chaque comté, à l’amorce du mouvement qu’on appellera « révolution », ou « mutation », de l’an mil (cf. infra, seconde partie, le site abbatial) 94.

Notes
94.

Sur tous ces aspects, cf. THEIS 1990, LEMARIGNIER 1970, et Histoire de la Bourgogne , 1978 (1988).