Mais les moines de Tournus sont légitimistes. Ils restent fidèles aux rois de Francie occidentale, et à la grande aristocratie qui leur est liée.
Ainsi, dès 882, quand l’échec de Boson est patent, Geilon se rallie au fils de Louis le Bègue, Carloman ; puis il reconnaît Charles le Gros en 884. A la fin du IXe et au début du Xe, la communauté bénéficie de plusieurs confirmations royales. Dans celle de 915, intervient en sa faveur un puissant personnage, le « princeps » de Bourgogne, Richard le Justicier. Frère et vainqueur de Boson, fidèle du roi, celui-ci a réuni sous sa tutelle, au tournant du Xe s., tous les pays bourguignons septentrionaux, de Sens et Nevers au Jura, en passant par Chalon, autour du comté d’Autun dont il avait initialement la charge ; son fils Raoul deviendra même roi des Francs.
Enfin, en 941, les moines de Tournus accueillent Louis IV (« d’Outremer »), roi carolingien en lutte contre son rival robertien Hugues le Grand, « dux francorum ». Ce passage est le dernier acte significatif d’un souverain en faveur des moines au Xe s. ; aucun roi ne se rendra plus à Tournus, jusqu’en 1170. De fait, les rois de Francie sont de plus en plus faibles. Quant au principat de Richard, il est peu à peu dépecé, après la mort du roi Raoul de Bourgogne en 936113.
Sur ce chapitre, cf. CARTRON-KAWE 1998, vol. II p. 70 et 381, et vol. III p. 474 - 478, et Histoire de la Bourgogne , 1978 (1988), p. 111 - 113, et 131 - 133.