Aux apports de terrassement dont il vient d’être question, succède, dans la fouille de 1992-94, une série de niveaux empierrés, antérieurs à l’an mil. S’y associent à un moment donné quelques fosses présentant des rejets de type culinaire, et même un lit de déchets de poissons.
Les empierrements successifs évoquent des sols de circulation extérieurs (chaussées) (U.S. 258, 280, 264, et 261, de la fouille de 1994 : cf. ill. 47 à 49). Tous sont en pendage régulier du nord au sud, suivant la tendance générale du terrain, même si la pente initiale a été atténuée. Les pierres du revêtement peuvent être disposées à plat avec soin, ou en hérisson, parfois assises sur un lit de pose de mortier ou de sable ; elles peuvent plus simplement être jetées pêle-mêle dans un épais lit de glaise, le tout damé et usé par le passage en surface (cf. ill. 48). Tous ces sols présentent de nombreux ragréages, parfois très grossiers - témoins de réparations qui évoquent plutôt une durée d’utilisation longue. Certains éléments constitutifs évoquent encore la proximité de travaux : déchets de taille, nombreux morceaux de tegulae et d’imbrices, blocs de mortier.
Au total, on peut distinguerquatre phases, dans la fouille de 1992-94, avant l’horizon daté des alentours de l’an mil (cf. ill. 47). Assez abondant, le mobilier céramique s’inscrit bien, nous l’avons vu, dans un contexte de la fin du IXe et du courant du Xe s. (cf. annexe « Chronologie de la céramique médiévale à Tournus »). En gros, sans compter les réparations intermédiaires, on aurait refait un nouveau sol en moyenne tous les trente ans, entre 875 et 1000.
Ces types de revêtement n’ont rien d’exceptionnel pour le haut moyen âge ou les alentours de l’an mil (sans que cela constitue un critère de datation). A titre d’exemple, et parmi bien d’autres, on peut citer les sols reconnus à proximité de l’église Saint-Laurent de Grenoble121.
Les plus anciens de ces empierrements sont recoupés, au pied de la façade du réfectoire médiéval, par un complexe de petites fosses ayant plus ou moins servi de dépotoir (nombreux os animaux en particulier), avant d’être à leur tour recouvertes par le sol suivant ou par une réparation. Mais le premier (et le plus soigné) de ces empierrements disparaît aussi, dans le même secteur, au profit d’un lit d’écailles et d’arêtes de poisson étendu sur quelques 2 m² en surface du limon sous-jacent, sur une épaisseur de 5 à 10 cm (« Dépôt 98 = 279 » sur les ill. 47 et 49). Ces éléments laissent supposer qu’un bâtiment pouvait se trouver à proximité, à la fin du IXe ou au tournant du Xe s., abritant une activité de type culinaire (?).
COLLARDELLE 1986 (1992): la fig. 26 p. 41 montre un empierrement de faciès assez semblable, daté des VIe - VIIe s.