De ce qui vient d’être décrit, le sol le plus récent, de constitution très grossière, et qui emploie quantité de fragments de tegulae (U.S. 261 de la fouille de 1994), présente un faciès très semblable à l’empierrement dégagé en fouille à 200 m au sud du site abbatial, à côté de ce qu’on appelle aujourd’hui l’église Saint-Valérien122 - dont les élévations datent du XIIe s. (cf. infra, troisième partie, la ville en formation). Cette structure semblait trahir une chaussée plus ancienne que cette église, et qui serait remontée en direction de l’abbaye.
En fait, si on relie ces deux témoins, qui paraissent suivre la même orientation, on trace un axe de voirie susceptible d’avoir prolongé celui de la grand-rue nord-sud de Tournus au sortir de l’ancien castrum. Son tracé suivrait celui de l’ancienne voie d’Agrippa, mais avec une très légère déviation vers le nord-ouest, qui interviendrait au niveau de l’actuelle « église Saint-Valérien » : c’est-à-dire, au second tiers de son parcours (cf. ill. 14 et 61).
On constatera que dans la configuration actuelle, l’axe sud-nord de la grand-rue de Tournus est dévié très fortement vers le nord-ouest, précisément à partir de cette petite église (rue du Commandant Carré, rue du Docteur Privey, au-delà desquelles s’amorçait sans doute une voie d’origine antique, vers Belnay puis Saint-Gengoux - cf. supra, B. Tournus avant 875 : 2.1.1. Le tracé des voies antiques). A cet endroit, l’incurvation de son parcours correspond à un contournement du site abbatial et de ses remparts par l’ouest (ill. 14).
On peut penser qu’à l’origine, la voie d’Agrippa se poursuivait de manière rectiligne du sud au nord, passant probablement devant le petit monastère primitif : à peu de chose près, ce parcours initial devrait traverser le chevet de l’église actuelle, après l’aile orientale des bâtiments claustraux. Une première déviation de cet axe, tronçon de l’antique voie d’Agrippa, pourrait donc être intervenue après 875. Elle serait due à l’extension du monastère consécutive à sa refondation, comme il vient d’en être question. Les témoins de chaussée empierrées de la fin du IXe et du Xe s., fouillés en 1994, pourraient en fournir l’illustration. Quant à la déviation lisible dans la trame urbaine actuelle, elle serait postérieure au Xe s. (ill. 14).
Cf. BARTHELEMY 1992 a et 1992 b.