II. Etude archéologique de l’Abbaye

Introduction

C’est donc avant tout par rapport aux questions de vie et d’organisation du monastère, de construction, mais aussi d’articulation vis-à-vis du monde extérieur, que des réponses pouvaient être attendues de l’analyse archéologique.

A l’abbaye de Tournus, l’observation raisonnée des vestiges nous mène à distinguer trois mouvements majeurs dans la période XIe - XIVe s. Chacun d’eux s’illustre à travers plusieurs phases de travaux successives.

Le premier traduit un élan nouveau, sans doute porté par une volonté réformatrice, qui s’empare du monastère au XIe s., à partir des années 1020 à peu près. Le second nous paraît correspondre, à travers les chantiers des XIIe et XIIIe s., à l’affirmation d’une puissance installée, au moment où le système seigneurial est partout solidement ancré. Enfin, dans la première moitié du XIVe s., l’archéologue perçoit, à travers des données soudain moins nombreuses, les indices d’une mutation en cours. Comme si une page était en train de se tourner.

Cette évolution d’ensemble, nous voulons la traduire par la présentation détaillée des états successifs du monastère - le premier faisant le point au début du XIe s., à l’amorce des premières reconstructions qui suivent l’incendie de 1007 - 1008, et avant la grande vague des années 1030 - 1100.

Pour chaque état, nous avons choisi une approche topographique des vestiges : une fois posés les problèmes d’extension et de limites de l’enclos monastique pour le début du XIe s., nous regroupons à chaque fois les données par ensembles cohérents, partant de l’église abbatiale, puis du cloître, au cœur même du complexe, pour nous étendre peu à peu, au gré des vestiges, vers les secteurs périphériques. Pour chaque ensemble, après avoir décrit les éléments concernés, nous prenons la peine de discuter les critères de datation, croisés autant qu’il est possible. Questions d’architecture obligent, nous nous attardons plus particulièrement sur la chronologie des reprises, et sur les différents faciès des constructions. Enfin, nous proposons des pistes d’interprétation, tâchant de mettre en évidence, aussi bien des influences extérieures, que des spécificités Tournusiennes. Et pour conclure chacun des trois mouvements, nous tentons une synthèse intermédiaire.