A. L’abbaye au XIe s. : le grand chantier d’une eclosion monastique

A l’évidence, à Saint-Philibert de Tournus, le XIe s. est marqué par un grand élan de reconstructions, qui a laissé ses empreintes sur tout le site - et non seulement sur l’église abbatiale, sur laquelle s’est focalisée jusqu’à présent l’attention des auteurs. Il y a imbrication des maçonneries conservées entre l’église, le cloître et les édifices qui l’entourent, et c’est dans ce complexe central que nous avons recueilli la plupart des données concernant cette période. De ce point de vue, nos sondages et fouilles ont permis de compléter l’analyse des élévations ; mais il convenait aussi de prendre en compte les résultats des fouilles anciennes, effectuées par Jean Martin aux alentours de 1900. Grâce aux données du sous-sol, ce ne sont d’ailleurs pas que des bâtiments qui peuvent être considérés, mais aussi, les témoignages des sépultures. Enfin, avec la chapelle Saint-Laurent, c’est l’élément le plus éloigné du cœur de l’abbaye qui peut être englobé dans notre analyse, posant d’emblée la question de la prise en charge du territoire entourant immédiatement le noyau monastique, et du paysage qui en découle.

Par rapport à la durée de ce siècle prolixe pour l’archéologue, nous avons cru distinguer trois étapes à l’étude des vestiges. Mais les trois se succèdent dans la mise en place et la continuité d’un même vaste programme, qui concerne au minimum, tout l’ensemble claustral. La première fournit des indications précieuses sur l’abbaye de l’an mil et l’organisation qui précède cette restructuration, à laquelle offre une introduction la reconstruction du sanctuaire de l’église abbatiale, aux alentours de 1020. La seconde, entre le second quart et le milieu du XIe s., traduit la réalisation majeure d’un dessein cohérent. Enfin, l’achèvement de ce projet se poursuit, avec quelques adaptations peut-être, jusque vers 1100.