4. Conclusion

Les travaux du second quart et du milieu du XIe s. ne changent pas l’emprise topographique de l’abbaye. Cette campagne a respecté les constructions environnantes ; autour du cloître, elle a conservé le chevet de l’église à peine fini, et, pour l’heure, l’aile orientale des bâtiments réguliers. Pourtant, c’est une restructuration fondamentale qui est en cours.

Partant de l’adjonction d’une « galilée » en avant de l’église préexistante, le projet s’est mué en programme de grande envergure. Si le principe de l’avancée d’ouest en est du chantier de l’abbatiale et sa période de réalisation avaient déjà été retenus par J. Henriet, nous avons précisé la succession de ses phases, la chronologie et les modalités de son extension, tout en y intégrant l’ensemble claustral. Car les travaux ont très vite étendu leur emprise, jetant conjointement l’enveloppe d’une nouvelle nef élargie et d’un vaste cloître, et traçant la limite de bâtiments, à l’ouest et sans doute au sud, qui prennent la place des précédents, détruits. L’évolution du chantier s’est faite par grandes impulsions successives, adaptant ses réalisations à la nécessité de conserver un cadre à la vie monastique, et donc de garder le plus longtemps possible des parties anciennes à l’usage de la communauté. Mais cette progression par tranches horizontales n’a plus donné lieu à des modifications de plan, et plusieurs secteurs ont avancé de concert, illustrant un dessein cohérent, mené avec un dynamisme dont témoigne la variété des recherches constructives.

Dans cette réorganisation s’affirme aussi un modèle de représentation spatiale, où religieux et laïcs, vivants et défunts, pauvres et pèlerins, reçoivent chacun une place précise à l’intérieur du monastère. Il faut probablement y reconnaître une influence de la réforme clunisienne.

Les éléments de datation permettent de situer l’activité la plus intense entre la fin des années 1020, et le milieu du XIe s. - même si le chantier se poursuit au-delà. Dans cette fourchette, il faut reconnaître la totalité de l’abbatiat de Ardain (1028 - 1056) : assurément, la figure de cet abbé aura dominé cette campagne.