Les restaurations du XIIIe s. n’épargnent pas la chapelle Saint-Laurent (cf. ill. 226) : de petites fenêtres latérales sont ménagées dans l’abside, tandis que l’ensemble de l’église est couvert de peintures, ornementales et figurées.
Les étroits percements du chevet, au nord et au sud, larges de 0,25 m à l’ouverture et hauts de 0,60 m seulement, ont des piédroits monolithes de calcaire rose de Préty, et sont coiffés de linteaux monolithes échancrés de même pierre. L’encadrement de l’ouverture est souligné d’un chanfrein très discret. Toutes ces pierres sont brettelées.
A l’intérieur, un faux appareil de pierres de tailles, colorées en rouge et en jaune,est peint à l’encadrement des fenêtres du chœur - y compris pour les plus récentes, sur un fond blanc. La même couche se poursuit dans le reste de l’église, et on retrouve le même faux-appareil jaune et rouge sur les piliers et l’arc triomphal, et au mur nord de la nef (cf. ill. 87). Mais sur la plage de mur qui domine l’arc triomphal figure une Déposition de croix dans des tons bleus et rouges, entre deux frises, dont une de feuilles d’acanthes743.
Cette fois-ci, ce sont les peintures murales qui permettent une datation de ces aménagements. D’après V. Rossignol, il semble que celles-ci soient légèrement antérieures à la campagne de travaux du chapitre et du cloître. Par son sujet même, le traitement arrondi des visages, des épaules et des drapés, très simplement dessinés sans surcharge de détail, la Déposition de croix doit être située en effet à l’extrême fin du XIIe s. ou dans le premier tiers du XIIIe.
Ces observations sont d’autant plus intéressantes, qu’elles datent à leur tour les petites fenêtres de l’abside, puisque celles-ci, mises en évidence par le décor peint, lui sont antérieures dans l’absolu (mais il est vraisemblable que percements des ouvertures et peintures ne soient que deux phases successives d’une même campagne de restauration). Or ces fenêtres portent des traces de bretture : au tout début du XIIIe s. vraisemblablement, c’est un des premiers témoins de l’emploi de cet outil à Tournus, pour une technique d’attaque du bloc par petits coups parallèles et réguliers, apparemment semblable à ce qu’on observe autour du cloître vers 1240.
Sur les peintures de Saint-Laurent, cf. les différents rapports des chantiers d’études et de restaurations, effectués de 1989 à 1992, principalement sous la conduite de A. Lanci, V. Rossignol, et L. Vettori. Cf. aussi ROSSIGNOL 1992.