2. Derrière l’abbatiale : la chapelle Saint-Eutrope et le chartrier

2.1. Les vestiges du n° 10, place des Arts : analyse archéologique

2.1.1. Description

Juste derrière le chevet de l’abbatiale et le dortoir à l’est, une dizaine de mètres en avant de l’enceinte monastique, se dresse un petit bâtiment en hauteur, de 9 m sur 10,5 à peu près en plan. Il est aujourd’hui élargi et transformé en maison d’habitation de deux étages, au n° 10, place des Arts (ill. 247 et 253). Ses élévations sont entièrement enduites, mais la corniche biseautée qui court sous la gouttière, et certaines parties de ses chaînes d’angle, faites de grands blocs blancs taillés à la bretture, disposés alternativement en positions carreau / boutisse, restent encore visibles (en revanche, la porte cintrée à encadrement moulurée qu’on voit aujourd’hui murée en façade ouest, paraît plus tardive).

En 2004, des travaux à l’intérieur du premier étage d’habitation ont mis en évidence les sommets des cintres de grandes baies modernes aujourd’hui murées, réinsérées dans des maçonneries plus anciennes où se devinent des arrachements de voûtes. A l’origine, le rez-de-chaussée et cet étage ne formaient donc qu’un seul volume, voûté.

Mais à l’heure actuelle, l’élément le plus marquant est en façade orientale, au niveau supérieur juste sous la gouttière, une baie géminée, bien intégrée à la maçonnerie environnante. Son encadrement, de pierres de taille brettelées, est coiffé d’un linteau droit formé de deux grandes dalles sur chant juxtaposées, chacune gravée d’un trilobe aveugle à arcs brisés. Le meneau central a disparu lorsqu’on a, à époque récente, obturé la partie basse de l’ouverture (ill. 254).

Les piédroits sont moulurés d’un chanfrein, amorti à sa base par un congé en cavet d’angle surmonté d’un retrait horizontal. A leur sommet, une imposte légèrement débordante, moulurée d’un bandeau auquel succède une doucine droite, chacun souligné d’un canal, reçoit l’extrémité du linteau. Le contour des trilobes du linteau est également chanfreiné.

A l’intérieur, on reconnaît une large embrasure coiffée d’un cintre en arc segmentaire, en décharge d’arrière-voussure du linteau. Le tout est appareillé de grands blocs blancs taillés à la bretture et assemblés à joints fins. Plusieurs claveaux sont posés dans le sens de la longueur par rapport à la courbure du cintre, et de chaque côté, la rupture entre piédroit et arc se situe au niveau du sommier, spécialement découpé à cet effet : une arête oblique la souligne nettement.