2.2. Interprétation

2.2.1. Identification : un édifice à deux niveaux, décrit par les visites modernes

L’édifice 10, place des Arts, doit être identifié comme la chapelle Saint-Eutrope, au-dessus de laquelle se trouve une « chambre du trésor », puis un grenier, en 1562 encore. Sa localisation est connue par plusieurs visites des XVIIe et XVIIIes., qui la font apparaître liée au palais abbatial voisin (il s’agit alors du palais du XVe s.)760. L’oratoire lui-même, alors voûté, doit correspondre au rez-de-chaussée et au premier étage de la maison actuelle, et les « chambre » et grenier supérieurs, à l’étage de comble.

Si comme le rappelle J. Martin, le titre le plus ancien que nous lui connaissions pourrait dater des années 1501-1530 (mais s’agit-il bien du même édifice ?), la première description du bâtiment est faite en 1562761. La chapelle comporte alors une porte et au moins trois grande fenêtres vitrées, ainsi qu’un autel de pierre. D’après J. Martin, il est précisé en 1624 que ses cinq « ogives » menacent ruine : cet auteur y voit plutôt les doubleaux de la voûte762 ; mais cinq doubleaux ne sont-il pas beaucoup pour une nef de 10 m de long ?.

En 1562, une vis d’escalier éclairée par au moins une « fenestre de boys » munie de barreaux de fer, porte à l’étage supérieur, qui prend jour par au moins quatre fenêtres vitrées et munies de barreaux : la fenêtre à linteau trilobé qui subsiste à l’est doit être une de ces quatre-là. Cet étage est alors divisé en au moins deux pièces, puisqu’on précise quand on parle de la « première porte de lentrée dudict trésor », et que les visiteurs pénètrent ensuite dans « une autre chambre près la grand chambre appelée la librayrie ». On n’y dénombre pas moins de six autres portes - mais il s’agit sans doute de vantaux d’armoires : en effet, la première chambre comprenait avant le sac « deux grands enchastres de boys sappin », emportés par les pillards, et la « librairye », des « enchastres, popitres de boys sappin », « quattre grandz coffres de boys de noyer et de chesne » et « deux viels bahutz ». Le grenier, sans doute directement sous les combles, est encore accessible au sommet de la même vis : s’y trouvent en 1562 deux « flamenches » à portes et fenêtres, probablement deux nouvelles armoires (?). Les visites ultérieures sont moins disertes et ne nous apprennent rien de plus.

Notes
760.

A.D.S.L. : B 1403 / 14 (1645) ; B 1274/69 (1660) ; B 1301 B’ et B 1301/17 (1716) ; Q 421/5 (1790).

761.

« Mémoyre des dégasts.. », in BERNARD 1914, p. 57-58 et 80-81 : cette fois-ci, la localisation de l’édifice ne prête pas à confusion. Pour sa part, J. Martin (MARTIN 1900, p. 280) s’appuie sur les « provisions de la chapelle Saint-Eutrope fondée en l’église abbatiale » (A.D.S.L., H187) ; mais dans ce texte, l’emplacement de la chapelle n’est pas clair : comment comprendre la formulation « en l’église abbatiale  » ?

762.

MARTIN 1900.