3. L’enceinte rénovée et le grand Bâtiment accolé a l’Est

3.1. Analyse archéologique des vestiges

3.1.1. Tracé du rempart et témoins de la courtine

Le tracé du rempart affirme maintenant clairement la forme elliptique que nous envisagions très tôt (supra, A 1. L’abbaye dans le premier quart du XIe s. 1. L’extension du monastère et sa délimitation). Il apparaît jalonné d’au moins trois nouvelles tours, toutes situées dans une large moitié orientale du site - c’est-à-dire, du côté où le relief naturel du terrain limitele site abbatial de la façon la plus nette (ill. 247, et 258). Au sud-est, une autre tour qui subsiste en élévation de nos jours, communément appelée « tour du colombier », semble plus tardive (« tour n° 6 » : cf. infra, Epilogue..., et ill. 262 et 58).

Mais dans les conditions actuelles, il n’est pas aisé de déterminer quelles portions de la courtine appartiennent exactement à cette campagne. La question se pose notamment pour son tronçon méridional, aujourd’hui intégré aux maisons d’habitation longeant la rue des Tonneliers (ill. 247, et 46). A son sommet, le chemin de ronde forme encore un couloir bordé de petites fenêtres à intervalles réguliers - qui correspondent peut-être à d’anciennes archères. A cet endroit, la courtine pourrait même se trouver flanquée d’une petite tour carrée intérieure (? ill. 247).

En revanche, à l’extrémité sud-est du site (à l’arrière du n° 2, place des Arts), la présence à l’étage du mur d’enceinte, d’une baie géminée qui regarde la Saône,apparaît comme un indice notoire (ill. 259). Son linteau droit, formé de deux dalles sur chant juxtaposées, chacune gravée d’un trilobe aveugle aux contours chanfreinés, et ses piédroits finement chanfreinés, avec congés en cavet d’angle surmontés d’un retrait horizontal, renvoient à la fenêtre orientale de l’ancien chartrier de la chapelle Saint-Eutrope (à sa différence, les trilobes ne sont pas en arcs brisés - comparer les ill. 254 et 259). Mais cette ouverture-ci a conservé sa tablette d’appui, moulurée d’un bandeau souligné d’un simple retrait concave, et surtout son meneau central, sculpté d’une colonne cylindrique (légèrement galbée ?) avec base moulurée, annulaire et débordante, et chapiteau assez sommaire (et abîmé), orné de feuilles à crochets et souligné d’une astragale torique. Nous n’avons pas pu observer cette baie de l’intérieur. Dans l’absolu il est vrai, sa contemporaneïté avec la maçonnerie environnante n’est pas prouvée. Mais une telle ouverture à cet endroit pourrait signifier l’existence d’un bâtiment adossé contre le rempart.

Pour le reste, il est probable que le gros mur d’1,80 m de large déjà signalé, aisément repérable dans le bâti actuel sur tout le front oriental du site, appartienne pour l’essentiel à cette campagne (ill. 247). A ce jour, on ne peut observer directement sa maçonnerie, qu’à l’intérieur du sous-sol du logis abbatial de la fin du XVe s. (4-8, place des Arts), où une série d’ouvertures perce sa base. Mais celles-ci fonctionnent avec un grand édifice appuyé contre l’enceinte, et tourné vers la Saône.