3.2. Interprétation

3.2.1. Une physionomie durable, mais mal documentée

Tours ou courtines, les travaux de fortification du XIIIe, et surtout du XIVe s., ont imprimé fortement la silhouette générale de l’abbaye ; et ce, jusqu’à nos jours (cf. ill. 258).

L’enceinte qui se dessine autour de 1350 présente un aspect un peu hétéroclite. Plusieurs décrochements perturbent la continuité de son tracé en fonction de bâtiments qui s’y appuient ou en débordent ; l’épaisseur de la courtine varie, les tours qui se succèdent n’ont jamais la même forme ni les mêmes dimensions. En fait, ce tableau semble assez caractéristique des enceintes monastiques en général, à Fécamp comme à Ambronay, et les plans d’abbayes dressés aux XVIIe s., pour ce qu’ils révèlent d’un état médiéval de l’enclos, laissent généralement cette impression783.

Pourtant, les sources sont rares, qui permettent d’aller bien loin dans la restitution de cet état. Ainsi, les descriptions des XVIe, XVIIe et XVIIIe s. ne s’intéressent guère à l’ancien rempart en tant que tel, englué dans les maisons de dignitaires établies à époque moderne - surtout depuis la sécularisation. Cela n’empêche pas J. Martin de compter douze tours à l’enceinte monastique; encore ne précise-t-il pas à quelle époque il situe ce schéma (ill. 58). En revanche, il n’en voit plus que cinq debout vers 1900, là où nous en avons différencié sept, toutes périodes confondues (cf. ill. 262). A. Bernard, lui, présentant le « Mémoyre des dégasts » de 1562, parle de galeries accolées aux murailles du côté sud : mais le texte désigne probablement comme « galleryes estans devant ladicte muraille en dedans » le chemin de ronde - il est d’ailleurs question de « la muraille faisant lencloz de l’abbaye » en général, et pas seulement du rempart méridional784.

Notes
783.

Sur Fécamp : RENOUX 1991. Il n’y a pas eu pour l’abbaye d’Ambronay une étude aussi détaillée, mais ses vestiges et les données d’un plan du XVIIe mériteraient qu’on l’entreprenne: cf. PONCET 1980. Pour un survol des enceintes abbatiales bourguignonnes d’après les plans modernes, cf. SAINT-JEAN VITUS 1990.

784.

MARTIN 1900, p. 263 ; BERNARD 1914, p. 18 et 57.