4. Autres bâtiments

Nous savons beaucoup moins de l’évolution des bâtiments extérieurs au cloître, déjà mal connus avant le XVe s. Le principal est bien sûr le logis abbatial.

Selon Saint-Julien-de-Balleure, l’abbé Hugues de Fitigny (1431-1471) aurait d’abord bâti « un beau logis abbatial en la partie de l’abbaye qui est du côté devers l’occident. Lequel laissé en désuétude et par faute de l’entretenir tombait en grande ruine quand Robert, cardinal de Lénoncourt, Abbé de Tournus [un de ses successeurs, entre 1530 et 1535], le fit tout abbattre. Et en la place fit construire une belle vinée en laquelle sont les pressoirs, et les cuves ou tinnes à mettre la vendange »811. Son emplacement est celui de l’actuelle maison 9, rue Gabriel Jeanton, qui conserve des vestiges d’un bâtiment du XIIIe s. Mais la façade actuelle, avec les deux portails de 4 m de large qu’on peut y restituer, en cintre surbaissé, monté de moyen appareil à taille brochée profonde avec bande de réserve, est à attribuer à ces travaux du début du XVIe s. - même si elle a été très remaniée depuis (ill. 46). En 1562, l’édifice est décrit comme « maison des pressoirs », au-dessus de caves à vins (? il n’y a aucune cave dans ce bâtiment aujourd’hui !), contigü à ce qui est alors le « maison de la Pictancerie », joignant elle-même « lAuditoire » et « la prison ». Elle est précédée d’une cour apparemment fermée par deux portails ; « adjoignant le portal » se dresse alors la « chambre des troulleurs » (presseurs), bâtiment accolé en façade probablement (et aujourd’hui disparu), surmonté d’un grenier812.

Mais c’est l’abbé Jean de Toulonjon (1471-1498) qui est à l’origine du palais qui subsiste actuellement à l’est813. Ses armoiries se reconnaissent à l’entrée de la vis d’escalier monumentale qui précède la façade, du côté de la grande galerie de pierre ajoutée ultérieurement sur deux niveaux, rez-de-chaussée et premier étage. Cette galerie très ornée, avec plusieurs agrandissements, est l’œuvre d’un de ses successeurs, Robert II ou Robert III de Lénoncourt, entre 1498 et 1535 : leurs armoiries y figurent en plusieurs places. Les travaux entrepris alors ont dû concerner une grande partie de l’édifice, et c’est apparemment à cette période qu’il faut rattacher les planchers du soubassement et du rez-de-chaussée, si l’on en croit les résultats de l’analyse dendrochronologique (cf. annexe « Les données de datation absolue : dendrochronologie »). Ce superbe logis à deux étages éclairés des deux côtés de grandes fenêtres à croisées, orné de poutres sculptées d’engoûlants à l’intérieur, et qui est sommé d’un très haut comble à deux niveaux, voit ses différentes pièces détaillées par les visites successives des XVIe, XVII et XVIIIe s.814.

Pour le reste, les mêmes documents modernes passent en revue, pièce par pièce, les bâtiments investis et reconstruits par les dignitaires du chapitre, du XVIe au XVIIIe s., tout le long du pourtour de l’enceinte (et qui depuis sont devenus des maisons d’habitation). Au fil de notre enquête, nous nous sommes déjà penché sur quelques-uns d’entre eux, tels l’Auditoire de Justice, le logement de l’hôtelier ou celui de l’infirmier en 1562, ou encore, l’ancienne chapelle Saint-Eutrope.

Notes
811.

SAINT-JULIEN-DE-BALLEURE 1581, p. 531 - 532.

812.

« Mémoyre des dégasts... », in BERNARD 1914 : p. 43-44 et 74-75.

813.

SAINT-JULIEN-DE-BALLEURE 1581, p. 531 - 532. Cf. aussi MARTIN 1900, p. 282-283 ; mais contrairement à ce qu’avance cet auteur, aucun indice ne permet d’affirmer que le logis abbatial ait déjà été situé à cet emplacement avant l’abbatiat de Hugues de Fitigny (cf. supra, B3. Un nouvel élan... 2.2.3. Le grand édifice occidental...).

814.

Outre le « mémoyre des dégasts... » (BERNARD 1914 : p. 39-43 et 71-74), cf. A.D.S.L., B 1403 / 14 (1645), B 1274/69 (1660), B 1301 B’ et B 1301/17 (1716) ; Q 421/5 (1790) .