5. L’enceinte

C’est assez rapidement semble-t-il, qu’est élevée sur la courtine sud la « tour n° 6 », de 8,50 m de large à la base, pour des murs pouvant atteindre 2 m d’épaisseur ; elle est cylindrique sur les deux tiers de son élévation, pratiquement aveugle, mais son dernier étage, en partie en encorbellement, est de plan hexagonal, percé sur chaque face d’une ouverture aujourd’hui bouchée. Elle a été décrite assez en détail par A. Bernard, qui la nomme selon la tradition « tour de Quinquempoix »815.

Cette tour ne comporte encore aucun des éléments militaires répandus à partir du milieu du XVe s. Mais sur toute la partie basse, son bel appareil très régulier est fort différent de celui du XIVe s. - même si on y retrouve une taille profonde, piquée ou brochée, assez voisine, malgré une discrète bande de réserve dans pusieurs cas. L’étage haut est monté au contraire, en petit appareil irrégulier de mauvaise qualité, et ses ouvertures sont à linteau droit sur coussinets. On le reconnaît sur quelques dessins modernes, émergeant des toits alentours, enveloppé d’un pan de bois en fort débord, qui signale sans doute un hourdaujourd’hui disparu, dont il faudrait chercher les traces à la base de la reprise du dernier étage (cf. ill. 52, tout à fait à gauche). Son existence explique sans doute la différence de qualité de la maçonnerie supérieure. Au total, il faut la dater du tout début du XVe s. Probablement, une partie de la courtine aura été reprise dans le même temps. Par la suite, englobée dans les bâtiments que s’approprient les dignitaires du chapitre, elle devient le « colombier » décrit par les visites modernes816(cf. ill. 58).

Enfin, lagrosse « tour 5 A  » aura subi au moins quelques modifications à usage militaire, avec en particulier, le percement déjà signalé d’une canonière surveillant la poterne voisine.

Mais d’une manière générale, les fortifications sont peu à peu démembréesaprès le XVe s. Certaines tours se trouvent intégrées aux maisons des officiers du chapitre, puis des chanoines. La « Porte neuve » est ouverte en direction de l’actuelle rue Fénelon, au ras de la « tour n° 7 », en 1656, alors que l’abbé tente de boucher la poterne côté Saône ; mais il crée une clôture intérieure au sud du réfectoire, juste après cette nouvelle issue, pour se réserver une cour devant son logis (cf. ill. 58). Du côté de la grand-porte, l’avant-corps sans doute ajouté au XVe ou au XVIe s., mais encore dessiné par Dubercelle (cf. ill. 8), est démoli avec le pont-levis alors qu’on comble les fossés, avant 1717817. La Révolution ne fait que poursuivre cette œuvre : en 1791 notamment, est percée au sud-est, l’actuelle rue des Tonneliers818 (cf. ill. 46).

Notes
815.

BERNARD 1912, p. 82 - 83 - voir aussi DARD 1934, p. 174 - 176 : mais les datations des parties les plus anciennes sont fantaisistes chez ces deux auteurs.

816.

MARTIN 1900, p. 266.

817.

MARTIN 1900.

818.

BERNARD 1912, p. 81.