1.2. Contexte local

1.2.1. Le réseau régional : permanence des centres anciens et nombreux bourgs

Au niveau régional, le réseau urbain proche reste dominé par quelques villes d’origine antique. Vieilles cités épiscopales au nord et au sud de Tournus, Chalon et Mâcon vivent du commerce favorisé par leur position de carrefour routier et de port sur la Saône ; des bourgs s’y sont formés aux principales portes. Dans un rayon plus large, on retiendra le cas particulier de Dijon, qui est déjà la principale ville du duché, bien qu’elle n’abrite pas d’évêché. Elle associe aux deux noyaux légués par l’Antiquité tardive, le vieux castrum gallo-romain et l’abbaye de Saint-Bénigne, autour de laquelle un « burgus » est attesté dès l’époque carolingienne, divers éléments marchands constitués peu à peu à l’extérieur de la muraille antique ; mais l’intervention du duc est ici décisive : à partir du second tiers du XIIe s., il englobe ces ensembles épars dans une seule et même enceinte824.

Au-delà, il convient aussi d’insister en Bourgogne sur la fréquence des bourgs isolés d’origine seigneuriale, et en particulier sur le nombre relativement élevé de ceux qui entourent les monastères bénédictins. Celui de Cluny est le plus proche, attesté peut-être dès 994, en tout cas entre 1094 et 1166 ; il est également le seul en dehors de Tournus, à avoir donné naissance à une ville de quelque importance, vers laquelle s’orientent de nouveaux chemins. Sa fortune se fait surtout sentir à partir du XIIe s., et tient évidemment au dynamisme exceptionnel de la puissante abbaye. Selon G. Duby, on peut estimer sa population entre le XIIe et le XIVe s., autour de 2000 habitants. Mais il faut signaler aussi de petites agglomérations comme Saint-Gengoux, juste à l’ouest de Tournus, siège d’un prieuré clunisien, et à partir de 1166, résidence du représentant du roi (cf. supra, seconde partie : le site abbatial... I. Le contexte historique... 2. L’abbaye dans le contexte local ... 2.1. Seigneurs et princes), ou plus loin, des centres monastiques comme Bèze, Flavigny, Saint-Seine-l’Abbaye... - ou encore Vézelay plus au nord, sans doute le mieux connu par les textes.

En revanche, le phénomène de la ville neuve est presque inexistant dans les snvirons : les exemples les plus proches de Tournus sont les deux fondations des sires de Beaujeu dans la basse vallée de la Saône, Belleville (qui ne connut pas d’important développement) et Villefranche-sur-Saône825.

Notes
824.

Le cas de Mâcon a été plus précisément étudié par G. Duby : DUBY 1953 (1988), p. 268-269. Sur Chalon et Dijon, cf. RICHARD 1954. Sur Chalon, cf. aussi GRAS, P. - « Les fortifications et la topographie anciennes de Chalon ». S.H.A. Chalon , t. XXX, 1943, p. 46 - 111 ; GRAS, P. - « Chalon-sur-Saône - 1. Ville ». In : Dictionnaire d’histoire et de géographie ecclésiastiques , 1912 et suiv. : t. XII (1950), p. 286 à 295 ; et DUBOIS 1976. Sur Dijon, cf. RICHARD 1946 et 1962 : GRAS, P. « Dijon - 1. La ville ». In : Dictionnaire d’histoire et de géographie ecclésiastiques , 1912 et suiv. : t. XIV (1960), p. 466 à 477 ; et LAVEDAN-HUGUENEY 1974, p. 17, 20, 22-23.

825.

Sur tout ce paragraphe, cf. DUBY 1953 (1988), et RICHARD 1954. Sur Cluny spécialement, cf. ROLLIER 1994, MEHU 1996, et surtout MEHU 2001.