Toutes ces villes n’en abritent pas moins des populations actives. Il y a bien sûr de fortes disparités de statut et de fortune, les origines des habitants sont variées, depuis les cultivateurs, jusqu’aux « milites » et aux marchands.
L’acception même du mot « bourgeois » reste bien lâche. Pour le XIIe s., J. Richard observe des bourgeoisies d’aspect campagnard dans les petites agglomérations bourguignonnes, alors que G. Duby voit en Mâconnais, dès les XIe-XIIe s., une « classe de genre de vie », regroupant des « spécialistes des échanges » ; il note entre les familles les plus riches, des relations nombreuses et suivies d’une ville à l’autre, et souligne une mentalité plus ouverte. A Cluny pourtant, D. Méhu ne distingue un groupe de marchands et d’artisans que vers le milieu du XIIe s., après celui des serviteurs de l’abbaye, des « milites » et des clercs. Mais au XIIIe s., le développement des échanges, et corollairement, des foires et marchés, favorise les premiers, un peu partout. Dès la fin du XIIe s., des bourgeois prêtent de l’argent à la noblesse et aux établissements monastiques ; au XIIIe s., des marchands clunisiens sont présents aux foires de Champagne. Dans toutes les villes, quelques familles fortunées tiennent très tôt le haut du pavé827.
Les belles maisons de pierre, dont il reste encore bien des vestiges des XIIIe-XIVe s., y compris dans les plus petits bourgs, illustrent cette dynamique ; Cluny ou Vézelay présentent même quelques exemples remarquables, datables au XIIe s.
RICHARD 1954 et 1954 b ; DUBY 1953 (1988), p. 273, 309-315 ; DUBOIS 1976, p. 7 - 41 ; MEHU 2001 (2e partie).