Cette agglomération, pour nous encore abstraite, réduite à quelque fonctions, commence à prendre consistance à travers les textes à la fin du XIe et au cours du XIIe s.
Son organisation spatiale s’esquisse d’une part, timidement, avec la première mention d’un oratoire extérieur à l’enclos abbatial : en 1119, l’« ecclesia Sancti Andreae » est clairement citée dans une bulle du pape ; on retrouve son vocable en 1215. Or il y a peu de chance de la confondre avec l’église de l’ancien castrum, désignée en 1297 comme « ecclesiae Beatae Mariae de Castro Trenorchio » 830.
D’autre part, l’existence d’une entité de type urbain est suggérée aux mêmes époques par l’emploi du mot « bourgeois » à la fin du XIe s., dans la Chronique de Falcon. La confirmation vient en 1164, avec pour la première fois, dans une lettre du pape, la désignation de l’ensemble de l’agglomération Tournusienne comme un « bourg »831. En fait, le terme « burgus » remplace alors définitivement l’antique expression « castrum et villa », disparue après 1059 : il englobe dorénavant les deux dans un seul et même ensemble.
Entre ces deux dates, la mutation n’est pas que sémantique : c’est une nouvelle réalité qui a pris corps.
1119 : bulle de confirmation des biens du monastère par Callixte II : JUENIN, Preuves , p. 145. 1215 : « traité par Arbitres entre le Célerier de l’Abbaye et le Chapelain de S.André de Tournus » : JUENIN, Preuves , p. 184. 1297 : JUENIN, Preuves p. 228.
Dans les années 1080 : Chronique de Falcon, chap. 47 : l’abbé Guillaume reçoit ses bourgeois(« burgensibus »), exigeant qu’ils soient correctement vêtus (JUENIN, Preuves , p. 27; POUPARDIN 1905, p. 103).
1164, lettre du Pape Alexandre III au roi Louis VII, au sujet des dettes de l’abbaye : le pape propose d’évacuer le monastère et d’y laisser seulement deux frères et deux « bourgeois » (« duo de fratribus et duo burgenses ») ; il demande au roi d’assurer dans ce cas la protection de l’église elle-même (du monastère), et du « bourg » : « ut Ecclesiam ipsam, et burgum , et omnia bona sua, sub regia custodia et protectione suscipias » (JUENIN, Preuves , p. 167).