Au milieu du XVe s., la différenciation sociale est exprimée très clairement par l’opposition entre le « Haut Etat » et les « Moyen et bas Etats ». En fait, ce n’est guère avant le début du XVe s. qu’émergent de la documentation les membres de familles notables, médecins ou hommes de loi, voire quelques marchands854. Et on peut supposer, même en l’absence de renseignements individuels, qu’avant 1202, les quelques cas d’exemption de la main-morte devaient favoriser un petit groupe de privilégiés. Au minimum, la catégorie évoquée plus haut des officiers séculiers et ministériaux de l’abbaye en fait partie - dans la mesure où ils habitent Tournus : le prévôt en premier lieu, dont la maison est attestée en pleine ville dès 1329855. Il faut probablement y ajouter les « élus » des bourgeois, que leur position rapproche de l’autorité seigneuriale qui les contrôle - à commencer par les « gardiens des vignes » institués en 1202.
Cf. par exemple Etienne Chanay, « procureur de l’abbaye de Tournus » dès 1318 - cf. MARTIN 1901, et MARTIN-JEANTON 1915. L’opposition entre les différentes catégories de la population ressort explicitement en 1455 d’un procès entre le « Haut Etat » et les « Moyen et Bas Etat », dont les pièces sont conservées aux archives de la ville : cf. JEANTON 1921 a.
Cf. la reconnaissance de fief du prévôt (JUENIN, Preuves , p. 243). En revanche, les membres de la « familia » du monastère, assurément privilégiés, puisque les bourgeois de Tournus lui doivent le respect dans la charte de 1202, ne résident pas nécessairement dans le bourg : le maréchal-sénéchal, par exemple, est uniquement au service de l’abbaye (et on le verra en 1500 installé au château d’Uchizy, dont il a la garde : cf. DARD 1948.