3.1.2. Au XIVe s. : mentions explicites et reprises des fortifications

En 1360, des bandes armées qui ravagent le pays menacent Tournus (« Grandes compagnies », « Tards-Venus »). Les villes s’enferment dans leurs murs, on nomme des « capitaines » un peu partout865. A Tournus, les habitants murent la « porte Boyé » à proximité de l’abbaye, pour en construire une autre un peu plus au sud : c’est la seule preuve de l’existence d’un rempart urbain entre le Chastel et l’abbaye avant 1360866. La « porte Boyé » paraît alors dans un état de vétusté avancé : ce qui laisse entendre que sa mise en place peut être antérieure au XIVe s.

En tout cas, la « porte d’en haut », ouverte en remplacement, est au moins précisément datée des alentours de 1360 ; devenue plus tard « porte de la levée » ou « porte de Chalon », elle occupait l’extrémité nord de l’actuelle rue du docteur Privey (cf. ill. 321). A la même époque, une autre porte appelée « porta plaustri Porcherii » est attestée en 1382, également au nord et à proximité de l’abbaye, mais du côté de la Saône, - à l’emplacement aujourd’hui de la place de la Cité (ill. 14 et 320)867.

La dernière porte qui nous soit connue avant le XVe s. est la « porte du Châtel », à l’extrémité sud de la ville : elle donne accès à la route de Mâcon (on dira aussi « porte de Mâcon »)868. Enfin, il n’est pas impossible que les deux tronçons de muraille qui, au nord et au sud, s’avancent jusqu’à la Saône, où ils se terminent chacun par une grosse tour qui a les pieds dans l’eau, aient été mis en place également à la guerre de Cent ans869 : on les reconnaît au XVIe s. sur la vue cavalière publiée par Saint-Julien-de-Balleure, et au XVIIe sur une gravure d’Israël Sylvestre (ill. 5 et 6).

Cela étant, le tracé que nous laisse deviner le parcellaire actuel (cf. ill. 14), avec ses deux portes « de Paradis » et « de Cluny », mentionnées au XVIIe s. seulement870, n’est pas forcément le même qu’au XIVe s. En effet, deux évènements graves, au cours du XVe s., ont suscité une grande reprise des fortifications, qui peut en avoir modifié le contour : le sac de Tournus par les Armagnacs en 1422, puis la prise de la ville par le duc de Bourgogne en 1474.

Notes
865.

Pour Tournus, nomination d’un « capitaine de ville » attestée au plus tard en 1382 : A. Tour., FF2.

866.

BERNARD 1911, p. 93, d’après A. Tour., FF 2.

867.

A. Tour., FF 2 : cité par BERNARD 1911, p. 64. Sur la porte de Chalon, cf. aussi A.Tour., 1 M/ l 4.

868.

A la fin du XVIIIe s., cette porte comprend deux corps successifs, qu’on appelle « grande porte » et « petite porte » (Cf. A. Tour., DD 7, et 1 M/ l 4). La « petite porte «  a été démolie en 1791, le reste en 1805 : cf. BERNARD 1911, p. 105 - 107.

869.

La « tour d’en haut » a été démolie en 1730, la « tour d’en bas » en 1795 : cf. bibl. Tour., ms. BOMPARD, p. 459, et BERNARD 1912, p. 58 - 59.

870.

BERNARD 1911, p. 90, 109, 111, et 1912, p. 77 à 79.