3.3.1. Quartiers

Le traité de 1215 nomme déjà deux quartiers. Au sud de la ville, on a cité à plusieurs reprises celui du « Chastel », ou « Châtel », comme héritier de l’antique castrum (ill. 14 - 16, et ill. 264 et 320).

Celui de la Pêcherie est mentionné alors sous le nom de « Pescaria ». Ses rues sont citées plusieurs fois au cours des XIVe - XVe s. A l’extrémité nord de la ville, il se groupe autour du port, juste sous l’abbaye (ill. 14, 264 et 320). Au XIVe s. au plus tard, il dessert même précisément le monastère, par la poterne que nous avons repérée plus haut (cf. supra, seconde partie : le site abbatial... II. Etude archéologique de l’abbaye. C. La mutation du XIVe s. 3.2.2. Bâtiment oriental et poterne vers la Saône) : un actif va-et-vient doit la relier au bord de la Saône (cf. ill. 320).

Sur le chemin de la poterne, au pied de la butte abbatiale, se trouve probablement déjà la fontaine du Tromphoir, dont l’eau jaillit dans un tronc d’arbre creusé de l’intérieur (« truncus foratus », pour « tromphoir ») : la documentation n’en fait mention qu’à partir du XVIe s., mais l’importance revêtue par cette source sur laquelle s’orientent plusieurs rues, et qui en 1656 encore, alimente tout le quartier, atteste sans doute une utilisation très ancienne880 .

En somme, la Pêcherie doit constituer un des pôles d’animation principaux de la ville, bien avant le XVe s. Et ce n’est certainement pas un hasard, si les habitants en conflit avec le monastère choisissent ultérieurement d’y installer une éphémère maison de ville, au nez et à la barbe de l’abbé, entre 1498 et 1501881.

Enfin, un troisième pôle semble constitué à mi-chemin entre le « Châtel » et l’abbaye, aux alentours du bief Potet - ou ruisseau de la Gelaine. Le long du ruisseau, la « rue de la grande Gaize » est même l’une des principales de Tournus.

Notes
880.

La « rue du Trompheur » est citée en 1558 (A. hosp. T., B 38). En 1656, l’abbé agrandit le jardin qui descend de son logis jusqu’à la Saône, et le fait clôturer : la fontaine s’y trouve englobée, mais l’abbé doit s’engager à dévier l’eau par des « canaux de plomb, en ligne directe de la source », afin d’en laisser l’usage aux habitants du quartier - tout en leur assurant un accès direct à travers son jardin, en cas de nécessité. Jusqu’à la Révolution, le contrôle de ce point d’eau vital est l’objet de plusieurs accords et contentieux. Cf. MACHOUD 1657, p. 71, et BERNARD 1912, p. 85-88. Cf. aussi A.D.S.L., Q 421.

881.

Cf. BERNARD 1912, p. 39 (d’après A. Tour., DD 7, et bibl. Tour., ms CHANUET), et BERNARD 1921, p. 112.