Sur l’ensemble de la ville maintenant, le réseau des rues, attesté très tardivement dans les textes, s’articule autour de deuxaxes principaux perpendiculaires, tous deux fort anciens.
Le principal forme la « grande rue allant de l’une à l’autre porte de la ville ». Cette première mention explicite est tardive, mais le « magnus vicus » est cité dès 1292, et ses extrémités sont connues quelques décennies plus tard: au sud , c’est la « porte du Châtel », et au nord, c’est la « porte Boyé » avant son bouchage en 1360 (cf. supra, 3.1.2. Au XIVe s. : ... fortifications)882.
Vraisemblablement, cet axe suit pour l’essentiel, la voie antique qui sortait du Castrum vers le nord, parallèle à la Saône (cf. supra, première partie: prémices...). Reliant le «Châtel » au monastère qu’elle contourne sans le traverser, son tracé doit correspondre à l’actuel dans sa partie méridionale. Mais du côté nord, la voirie d’aujourd’hui diverge en deux branches, qui toutes deux s’incurvent vers l’ouest, pour éviter l’abbaye (rue Alexis Bessard et rue du Docteur-Privey : ill. 14). En fait, c’est le parcours le plus proche de l’enceinte monastique qu’il faut considérer pour la période qui nous intéresse ici (rues A. Bessard - Commandant Carré) : à son extrémité en effet se trouvait, au début du XXe s. siècle encore, la ruine de la « porte Boyé »883 ; le tracé qui dévie davantage, lui (rue du Dr Privey), correspond à l’ouverture de la nouvelle porte en 1360 (mais cette rue pouvait bien exister auparavant, avec une fonction secondaire). Cela dit, cette restitution n’est guère assurée que pour le XIVe s., car nous ne savons rien des périodes antérieures (cf. ill. 264 et 320).
Colonne vertébrale de l’agglomération et principale voie d’accès à Tournus, la grand-rue doit accueillir tout le trafic qui suit la Saône par voie de terre : à la sortie du « Châtel », elle devient la route de Mâcon, et à son extrémité nord-ouest, la route de Chalon se rabat vers le nord en longeant l’abbaye ; mais à cet endroit, un autre chemin vers le nord-ouest dessert la direction de Saint-Gengoux.
La seconde rue en importance est la « grant Gaize » ou « rue de la grande Gaize » (« vicus magnae Gaiziae »),qui longe la rive nord du bief-Potet (actuelles rue Greuze et de la Tannerie : ill. 14, 264 et 320). Elle est attestée sous ce nom en 1405 au moins. A époque moderne, elle accueille tanneurs et mégissiers884. Mais nous savons que l’occupation humaine à proximité de ce ruisseau est fort ancienne, à l’amorce d’un très vieil axe de circulation perpendiculaire à la Saône (supra, première partie : prémices... A. Le site... 1.2.2. Des voies de communication... ). En fait, la « grant Gaize » fournit, durant le moyen âge, un accès à la principale voie de pénétration vers l’ouest (à époque moderne d’ailleurs, une des portes de ville ouvre à son extrémité885) : elle mène vers Brancion et Cluny ; mais au-delà encore, vers le val de Loire et le Poitou, en direction de plusieurs prieurés de l’abbaye, le long d’une route par où transitent échanges et influences de la France centrale et occidentale.
BERNARD 1911, p. 94, et 1912, p. 28 (tous deux d’après A. Tour., GG 227). Pour tout ce qui suit, un état du réseau viaire moderne est donné par les instructions et répertoires dressés « pour servir au plan de ville », conservés dans les archives communales : A. Tour., 10 a (1791 - 1861).
BERNARD 1911, p. 92-93.
BERNARD 1911, et 1912, p. 76-77 : mention en 1405 dans A. Tour, GG 227.
C’est en 1730 encore la « petite porte des Fossés », que le Cardinal Fleury fait alors agrandir ; par la suite, elle prendra le nom de « porte de Cluny » : BERNARD 1912, p. 77, d’après A.Tour., BB 26, et plan de la ville publié par Juénin (cf. ill. 8).