Signalés en 1202 dans la charte d’abolition de la main-morte, fours et moulins banaux revêtent une importance quotidienne pour la population, ce qui en fait des éléments incontournables et des points de repères forts. Pourtant, nous en sommes réduits une fois de plus à des indices bien tardifs, pour restituer leurs emplacements.
Les fours banaux ne sont plus que deux au XVIIe s. L’un est situé dans le quartier de la Pêcherie, en haut de la rue Merdouse qui monte du port (à l’emplacement actuel de la petite place du Collège, derrière Saint-Valérien) : il est attesté en 1699 et déplacé en 1706. L’autre est voisin de la maison de la prévôté (au bout de l’actuelle rue des Lambrois)894. Ici encore, leur situation rend vraisemblable une existence ancienne aux mêmes endroits (cf. ill. 14).
Quant aux moulins, tantôt confiés à ferme aux habitants, on se souvient avoir évoqué ceux que l’abbaye pouvait entretenir juste à ses pieds, sur les ruisseaux de Saint-Laurent et autres, parmi les jardins qui s’étendent sur son flanc nord et vers la Saône (supra, seconde partie, Le site abbatial...II. Etude archéologique de l’abbaye. A1. L’abbaye dans le premier quart du XIe s. 4.2.1. Une chapelle au milieu des jardins). Plus tard, d’autres moulins sont mentionnés sur le bief Potet en pleine ville - mais plutôt à tan895 - ainsi qu’à la sortie sud de la ville, sur le ruisseau de la Dolive (ceux-là sont même représentés sur la vue de Saint-Julien-de-Balleure au XVIe s. : ill. 5). Il est tentant de leur attribuer des origines très anciennes : ce sont là pratiquement les seuls sites possibles dans le centre ville ou à proximité (ill. 13). En fait, d’autres ruisseaux s’écoulent dans le bourg, dans le vallon qui sépare l’abbaye de la ville, et juste au nord de Saint-André : une telle configuration convient à l’éparpillement de petites unités adaptées à des cours d’eau au débit limité ; tel chapitre de la Translatio Sancti Valeriani probablement écrite au XIIe s., censé décrire Tournus à l’arrivée des reliques de Saint-Philibert, n’omet d’ailleurs pas ces petits ruisseaux qui courent, entraînant les roues des moulins 896.
En revanche, on connaît bien mieux les moulins édifiés à grands frais par l’abbé Bérard au milieu de la Saône en 1231 (non sans scandale)897. Ils sont d’ailleurs bien visibles sur la vue de Saint-Julien-de-Balleure en 1581, et surtout, impressionants sur la gravure d’Israël Sylvestre au XVIIe s. (ill. 5 et 6). Leur démolition date seulement de 1728898.
BERNARD 1911, p. 68, et 1912, p. 21. Cf. aussi A. Tour., 1 M/ l 1, et A.D.S.L., Q 421.
Cf. BERNARD 1912, p. 53.
« Rivuli currentes, molendina volventes » : Translatio Sancti Valeriani..., p. 233. Sur la datation de ce texte, cf. IOGNA-PRAT 1995.
« Anno MCCXXXI ego B. Abbas Trenorchiensis, cum maximis expensis aedificavi molendina super Sagonnam : irrisus tamen a multis super hoc, cum a nemine istud actum esset inceptum » (L’an 1231, moi, B(érard) abbé de Tournus, j’ai construit avec de très grandes dépenses des moulins sur la Saône ; j’ai pourtant été critiqué par beaucoup à ce sujet, comme cette action n’a été acceptée par personne) : Mémorial de Bérard, in JUENIN, Preuves , p. 188.
Cf. BERNARD 1926.